Initier la gestion écologique par un plan de gestion différenciée

À l’heure où la végétalisation urbaine s’impose comme solution d’adaptation fondée sur la nature, il devient essentiel d’adapter les pratiques d’entretien pour maximiser le potentiel des espaces verts. Le plan de gestion différenciée, écologique ou durable est un outil organisationnel essentiel pour les gestionnaires. 

Aléa(s) climatique(s) concerné(s) :

Type(s) d'action(s) :


Enjeux d'adaptation

Restaurer les fonctions écologiques du vivant en ville en adaptant l’entretien des espaces verts

La gestion écologique renforce les services écologiques rendus par les milieux naturels : stockage du carbone, cycle de l’eau, ombrage, évapotranspiration, accueil de la biodiversité, rétention d’eau, etc. Elle permet ainsi de réduire plus efficacement la vulnérabilité de la ville et de sa végétation face aux sécheresses, canicules et fortes pluies.  

De plus, alors que le changement climatique est l’un des principaux facteurs d’érosion de la biodiversité, la gestion écologique permet de préserver cette dernière en rendant les milieux plus accueillants pour la faune et la flore, mais aussi mieux reliés, notamment au sein de la trame verte et bleue. Elle privilégie des espèces végétales variées, locales, plus résilientes et adaptées au climat. Enfin, elle s’accompagne d’une réduction des intrants (eau, énergie, produits phytosanitaires), limitant la dépendance à des ressources vulnérables et atténuant les pressions exercées sur la biodiversité. 
Points forts

Une solution organisationnelle et multiservices

  • Valorisation de l’existant : la gestion écologique optimise un espace vert déjà en place, en renforçant ses fonctions écologiques et sociales grâce à une planification adaptée, sans recourir ni à des aménagements lourds ni à d’importants investissements.
  • Solution multifonctionnelle et durable : l’évolution vers des pratiques écologiques constitue une solution d’adaptation sans regret, génératrice de multiples services écosystémiques, et s’intègre pleinement dans l’action environnementale du territoire (réduction des déchets, sobriété énergétique, atténuation des émissions, gestion de l’eau…).
  • Espaces de sociabilisation, de sensibilisation et de bien-être pour les citoyens et citoyennes
  • Amélioration des conditions de travail des agents (réduction de la pénibilité, montée en compétence) 
©FRAEM GmbH sur Unsplash
©ARB Île-de-France
Description de la solution

Qu’est-ce qu’un plan de gestion différenciée ? 

Le plan de gestion est un outil de planification permettant d'initer la gestion écologique des espaces verts, soit la mise en œuvre de pratiques d’entretien respectueuses de l’environnement et de la biodiversité.  

Selon l'Agence régionale de la biodiversité en Île-de-France, la gestion écologique « trouve son origine dans le principe de gestion différenciée qui consiste à faire un compromis entre la gestion relativement stricte et contrainte des espaces communaux et la gestion naturaliste des réserves, orientée vers une protection du milieu naturel ». Autrement dit, la gestion différenciée consiste à « appliquer des modes de gestion différents selon la typologie des espaces, le rendu souhaité et leurs usages ». Associer gestion écologique et différenciée permet ainsi de créer des espaces verts favorables à la biodiversité tout en répondant aux attentes des usagers. 

Pourquoi avoir besoin de planifier une gestion écologique ? 

L’entretien des espaces verts en ville a été d’abord imaginé pour répondre à des enjeux de sécurité et de « faire propre », sans réelle prise en compte des considérations écologiques. Aujourd’hui, dans un contexte de forte demande de végétalisation urbaine, les collectivités doivent gérer des surfaces plus vastes et diversifiées, répondre à des préoccupations environnementales croissantes, tout en prenant en compte les besoins des usagers. Et ce, sans toujours disposer de moyens financiers supplémentaires.  

Dès lors, la gestion écologique apparaît comme une réponse adaptée pour concilier végétalisation de qualité et usages urbains. Concrètement, elle repose sur l’adaptation des modes de gestion selon la nature des espaces, leurs usages, les contraintes locales — techniques, écologiques, organisationnelles, politiques et sociales — et les attentes des usagers

Le passage d’une gestion « tout horticole », appliquée de façon homogène, à une gestion écologique et différenciée requiert de repenser l’allocation des ressources humaines et matérielles. Cette approche plus nuancée, adaptée à la diversité des sites — désormais envisagés comme « un ensemble d’espaces individuels interconnectés et non comme un tout » (Plante&Cité)— nécessite des outils de planification tels que le plan de gestion afin de structurer la démarche et formaliser les modalités d’entretien

Que contient un plan de gestion différenciée ?  

Le plan de gestion définit les objectifs et propose un plan d’actions pour les atteindre en fonction des ressources disponibles, des caractéristiques et des usages de chaque espace. 

Un outil de planification modulable et à visée opérationnelle   


Le plan de gestion est propre à chaque gestionnaire et s’adapte aux besoins et spécificités de son territoire. Il prend généralement la forme d’un document de référence, servant de base commune pour la gestion des espaces verts. Pour cela, il s’appuie habituellement sur un système de codification, avec des codes dits de qualité ou d’entretien, appliqués à l’échelle de chaque site. La formalisation d’un document cadre permet de structurer les actions, et d’optimiser les moyens et les tâches. 

NB : Certaines collectivités choisissent de ne pas recourir à un système de codes et élaborent directement des plans de gestion site par site, autonomes, sans document cadre global. Cette approche peut être pertinente, notamment lorsque la collectivité ne gère que quelques vastes espaces complexes ou spécifiques (comme de grands parcs).  

Il n’existe pas de modèle unique : certains plans se structurent autour d’une typologie des lieux et des usages (parcs, jardins, voirie, terrains de sport, cimetières, pied d’arbre …), d’autres selon les strates végétales (arborée, herbacée, arbustive, aquatique…), ou encore en fonction des niveaux de gestion souhaitée (horticole, naturelle, harmonieuse…). Certains gestionnaires peuvent faire le choix de créer plusieurs documents ou bien de combiner les approches.  

C’est un outil pratique qui peut également contenir des informations sur les techniques concrètes comme des fiches expliquant comment accompagner un arbuste vers du port libre, le désherbage, le fauchage, etc. 

Des codes qualité pour organiser les modalités d’entretien 


Voici quelques exemples de codification : 

Extrait de la synthèse de © Plante et Cité

NB : L’objectif est de tendre vers les codes les plus écologiques possibles. Cette transition peut se faire progressivement et aller jusqu’à ne plus avoir d’espaces gérés de manière horticole, à l’image de la commune de Pantin

De façon générale, chaque code qualité précise plusieurs éléments clés : 

  • Les catégories végétales : topiaires, rosiers, haies, arbres isolés, prairies, etc. ; 
  • La nature des tâches d’entretien à réaliser : taille, hauteur de coupe, arrosage, plantation, fertilisation, gestion des déchets verts, etc. 
  • La fréquence des tâches  
  • Le protocole à suivre pour chaque tâche 
  • Les méthodes et moyens utilisés : taille manuelle ou mécanique, tondeuse mulching, débroussailleuse, paillage, compostage, etc. 
  • Les objectifs de gestion associés (environnementaux, culturels, sociaux, économiques…) : favoriser la flore spontanée, la présence de faune sauvage, limiter les intrants, réduire le bruit et les émissions de CO₂, valoriser les déchets verts, optimiser l’irrigation, etc. 

Les plans de site


Pour traduire concrètement les principes du plan de gestion et appliquer les codifications sur le terrain, des documents spécifiques sont généralement élaborés à l’échelle de chaque espace : ce sont les plans de site. 

Répondant à des objectifs de clarté et de praticité pour les équipes, ils sont essentiels à la gestion quotidienne des espaces verts, adaptant les interventions aux particularités de chaque lieu. Ils peuvent être accompagnés de photographies et de cartographies pour en faciliter la compréhension. 
 
Le plan de site peut regrouper, tout ou en partie, des éléments suivants : 

  • Contexte du site : description générale de l’espace (types de végétation, localisation, superficie), éléments de biodiversité, place dans les trames vertes et bleues, équipements présents, usages, contraintes éventuelles.  
  • Description de l’existant : inventaire détaillé des composantes du site : surfaces végétalisées par strates, zones minéralisées, mobilier urbain, infrastructures, etc.  
  • Prescriptions d’entretien : elles précisent les consignes à appliquer par zones ou strates végétales. Elles peuvent être intégrées directement dans le plan de site et/ou renvoyer à un code de gestion.  
  • Cartographies de gestion : elles représentent un zonage précis du site, avec une légende claire. Elles permettent de localiser les interventions (tonte, fauche, arrosage, paillage, …) et de guider le travail des jardiniers. Si un système de codification est en place, les cartes intègrent les codes correspondants.  
Exemple d’un plan © Plaine Commune
Exemple d’un plan - © Plaine Commune

  • Calendrier d’entretien ou récapitulatif des opérations de gestion : outil de pilotage souvent sous forme de tableau, il récapitule les opérations à réaliser selon une temporalité précise, en indiquant leur fréquence et les moyens nécessaires (humains, techniques et matériels).
Extrait d’un récapitulatif des opérations de gestion - © Plaine Commune 

  • Éléments de communication : le plan peut aussi comporter des préconisations en matière de sensibilisation du public : types de panneaux pédagogiques à installer, messages à transmettre aux usagers, formats d’affichage recommandés, etc. 

Les étapes pour construire un plan de gestion écologique 

Le plan de gestion doit “être partagé, intégrateur et s’appuyer sur le diagnostic le plus précis possible” (Entretien avec l’Agence Régionale de la Biodiversité Ile-de-France). 
 

Inventorier et diagnostiquer les espaces verts  


La première étape pour élaborer un plan de gestion est la réalisation d’un état des lieux détaillé de chaque espace vert. Base à la classification des sites, cet inventaire permet de connaître précisément le territoire à gérer, en prenant en compte ses caractéristiques physiques, écologiques, sociales et fonctionnelles.  

Le diagnostic doit couvrir les dimensions suivantes : 

  • Caractéristiques physiques et paysagères : localisation, superficie, typologie, qualité paysagère… 
  • Usages et fonctions : fonctions attribuées à l’espace (détente, promenade, jeu, circulation, patrimoine…), fréquentation, attentes, valeur historique ou culturelle, rayonnement à l’échelle du quartier ou du territoire, éventuelles problématiques comme l’accessibilité, le vandalisme ou les conflits d’usage. 
  • Pratiques de gestion actuelles  
  • Inventaire naturaliste : inventaire des espèces pour la flore et la faune  
  • Composantes environnementales : présence d’habitats naturels, état des sols, circulation de l’eau, gestion des déchets verts, consommation d’énergie.  
  • Connexions écologiques : continuités entre les milieux au sein d’un même site et connexions entre différents sites à l’échelle du territoire, en lien avec la trame verte et bleue. Cette réflexion doit s’appuyer sur les documents d’urbanisme existants (SRCE, PLU, SCoT...) pour inscrire les enjeux dans une logique d’aménagement durable. 
Recommandations : 

  • Adopter une approche systémique : ne pas réduire la réflexion à la seule végétalisation. Intégrer la question de l’eau, la préservation des sols, le réemploi des déchets verts, l’implication des usagers, etc. 
  • S’appuyer sur des compétences spécialisées : faire appel à des experts naturalistes pour les inventaires faune/flore si les compétences ne sont pas disponibles en interne. 
  • Réaliser les observations et les états des lieux à différentes périodes de l’année : il est important de visiter le site et d’échanger avec les agents sur plusieurs saisons (environ sur une durée de 2 à 3 jours, voire une semaine par saison). 

Définir les enjeux et objectifs 


Il s’agit de concilier les objectifs paysagers en fonction des attentes des usagers et de la qualité écologique du site : 

  • Analyser les enjeux majeurs révélés par le diagnostic, notamment du point de vue écologique et social, ainsi que les contraintes financières, techniques et réglementaires. 
  • Formuler des objectifs de gestion adaptés à ces enjeux, à différentes échelles de temps (court, moyen et long terme) 

Identifier les zonages et classifier les espaces verts 


Quand les objectifs sont fixés, le gestionnaire classe les espaces — soit à l’échelle de son territoire grâce à des codes qualités, soit à l’échelle d’un site — afin d’indiquer la nature, la fréquence et le protocole des tâches d’entretien à réaliser. Cette étape consiste à traduire les objectifs en un cahier des charges. 


Préconiser et planifier les opérations de gestion  


Il s’agit de proposer des actions de gestion ou d’aménagement (tonte raisonnée, gestion des arbres morts, création de gîtes, …). Il est recommandé de synthétiser l’ensemble des actions sous la forme d’un calendrier des actions à mettre en œuvre, de cartographies ou d’un tableau (voir section précédente). Cette formalisation permet d’anticiper les étapes, de planifier les ressources — en temps comme en investissement matériel  — et ainsi de faciliter le pilotage du plan de gestion. 


Évaluer et évoluer  


Cette phase est essentielle pour que le plan de gestion reste un outil vivant, évolutif et réellement adapté. Il doit être animé, observé et réajusté dans le temps. Cela implique deux volets de suivi complémentaires : 

1) Un suivi opérationnel 

  • Documenter l’évolution des espaces. 
  • Recueillir et analyser les retours des usagers (demandes, plaintes, usages). 
  • Réaliser des visites de terrain régulières avec les agents d’entretien pour adapter les pratiques. 
  • Suivre la consommation d’énergie et d’eau, ainsi que la gestion des ressources (stockage, réutilisation). 
Exemples d’indicateurs opérationnels : temps et moyens consacrés aux pratiques de gestion écologique ; fréquence et nature des retours usagers ; volumes d’eau utilisés pour l’arrosage ; type de matériel utilisé (manuel, thermique, électrique) ; estimation de la consommation énergétique… 

2) Un suivi écologique : 

  • Réaliser un suivi régulier, moins intensif que les inventaires initiaux, à l’aide de protocoles standardisés sur les groupes bio-indicateurs, comme les oiseaux, qu’il est recommandé de suivre tous les ans 
  • Si le plan de gestion s’inscrit dans une durée définie, réaliser des inventaires complets en début et en fin de période pour évaluer les effets des actions mises en place. 
Exemples d’indicateurs écologiques : qualité écologique globale (par exemple via programmes participatifs comme Propage ou Florilèges Prairies) ; présence et diversité des espèces indicatrices (comme le protocole « Oiseaux des jardins ») ; paramètres physicochimiques du sol…  

Pour en savoir plus sur les indicateurs de biodiversité, consultez les ressources de l’UICN

Ce bilan permet d’identifier les évolutions du site, de mettre en lumière les réussites comme les limites du plan de gestion, et d’en ajuster les orientations. Il doit toutefois être interprété avec discernement : les effets des actions menées sur la biodiversité peuvent être différés et ne se traduisent pas toujours immédiatement dans les résultats des suivis. 

 Recommandations générales pour assurer la réussite de la démarche  


  • Co-construire le plan avec les équipes de terrain : associer les agents dès le diagnostic pour favoriser l’appropriation ; valoriser les propositions des jardiniers ; privilégier la régie interne, car ce sont les jardiniers qui connaissent le mieux leur site. L’implication des agents renforce la pertinence et l’efficacité du plan (voir rubrique "Complexité et contexte de mise en œuvre"). 
  • Amorcer une démarche structurée, mais souple : définir un cadre clair avec des objectifs et des pratiques précises, tout en laissant une marge d’évolution ; anticiper les contraintes (ex. charge saisonnière), adapter les consignes aux réalités du terrain (usages, météo, ressentis), accepter les ajustements et valoriser les itérations pour faire évoluer les pratiques. 
  • Privilégier des outils opérationnels et visuels : opter pour un format concis, bien organisé, clair et facilement utilisable sur le terrain ; favoriser les supports visuels.  
  • Adopter une approche progressive et expérimentale, facilitant ainsi l’appropriation et limitant les résistances (voir l’exemple de Pantin). 
  • Favoriser la concertation avec les usagers : impliquer les usagers en amont pour prévenir les conflits d’usage et renforcer l’acceptation des pratiques ; organiser des temps d’échange (entretiens, observations…) pour s’assurer que la gestion mise en place répond aux attentes et aux usages du site. 
  • Mobiliser, si besoin, des experts ou des structures d’appui  
  • Prévoir un investissement initial plus important pour structurer durablement la démarche (temps, ressources humaines et outils). Cela permet de bâtir des bases solides, qui faciliteront les actions sur le moyen et le long terme. 

Expérimentation de la solution

Retour d’expérience de la commune de Pantin

En avril 2025, nous avons pu nous entretenir avec Didier Méreau, Responsable des espaces verts de la mairie de Pantin, au sujet de l’élaboration du plan de gestion de la collectivité.

La gestion écologique des espaces verts à Pantin a été initiée dès 2011 avec l’élaboration d’un plan de gestion différenciée. S’appuyant sur une volonté politique forte, cette démarche s’est accompagnée du recrutement d’un responsable dédié, et d’un travail de fond sur l’évolution des pratiques professionnelles comme sur la sensibilisation du public. Le plan s’applique aujourd’hui à l’ensemble du territoire communal, mobilisant une équipe de 40 agents. Construit à partir de la pratique de terrain, il a évolué progressivement pour intégrer des objectifs environnementaux de plus en plus ambitieux.
 

Un plan de gestion évolutif qui a été structuré par site et par codes de gestion


Le plan de gestion de Pantin repose sur une codification claire des espaces selon leur usage, leur nature et les objectifs écologiques visés. À l’origine, il distinguait 4 niveaux de gestion différenciée, avant d’évoluer vers 3 codes, puis 2 codes dits de "gestion harmonieuse", plus ambitieux et favorables à la biodiversité :

1. Gestion horticole : entretien systématique (désherbage, taille, arrosage), replantation régulière, fleurissement ornemental pluriannuel.
2. Gestion raisonnée (intermédiaire) : réduction des interventions, choix de plantes plus adaptées.
3. Gestion naturelle maîtrisée : la végétation peut s’exprimer librement, avec des interventions pour maintenir les usages (ex. accessibilité des allées).
4. Gestion naturelle : laisser-faire. 
 
La gestion dite "harmonieuse", mise en œuvre aujourd’hui, combine uniquement les deux derniers niveaux et marque une rupture avec la pratique horticole intensive (ex. abandon progressif des plantes annuelles et des tontes systématiques). La progressivité s’explique par la difficulté accrue d’adapter certains espaces. Transformer un parc, vaste et complexe, exige en effet davantage de changements et de moyens que d’intervenir sur un simple pied d’arbre. De plus, certains lieux emblématiques, porteurs d’attentes paysagères fortes, suscitent plus de résistances à une gestion plus naturelle, comme les abords de la mairie.

Dans le plan de gestion, chaque site fait l’objet d’une fiche spécifique, précisant les types d’entretien, les végétaux et les modalités d’entretien à appliquer selon le code de gestion retenu. 
 

L’élaboration des codes de gestion « version Pantin »


Les codes ont été élaborés en interne : différentes pratiques ont été expérimentées sur le terrain avant de formaliser les niveaux de gestion. Les premiers codes ont été rédigés simplement, par un binôme d’agents.

À l’origine de cette codification : un inventaire réalisé par des professionnels durant environ six mois, mené sur un seul site, puis renouvelé trois ans plus tard. Cette méthode a ensuite été systématisée pour l’ensemble du territoire, permettant de justifier la sanctuarisation ou l’adaptation des modes de gestion sur certains espaces.
 

Une planification rigoureuse de la gestion harmonieuse


Un an a été nécessaire pour aboutir à un dispositif opérationnel. Cela repose sur une planification rigoureuse, appuyée par plusieurs outils de pilotage :
 
  • Les agents disposent de fiches techniques spécifiques pour chaque site, précisant les types d’entretien à réaliser. 
  • Ces consignes sont traduites en plannings hebdomadaires précis, permettant à chaque chef d’équipe de connaître les tâches à accomplir, avec peu de marge d’adaptation, assurant ainsi la cohérence et la qualité de la gestion. 
  • Des fiches d’activités détaillent notamment le temps passé sur chaque tâche. Cela permet d’objectiver les codes de gestion, de valoriser le travail des agents et d’optimiser les ressources matérielles et humaines, avec des indicateurs chiffrés importants pour les décideurs. 
  • Enfin, la commune a cartographié ses espaces verts, pour visualiser l’ensemble du territoire et orienter les interventions. 

L’accompagnement au changement des agents, « clé de la réussite » pour Pantin


Former, faire adhérer les équipes et leur apprendre à communiquer sur la démarche est essentiel. Le changement peut être initialement mal accueilli : il remet profondément en cause les savoirs issus de la formation horticole traditionnelle.
 
Pour accompagner ce changement, la commune de Pantin a construit un plan de formation. Les chefs d’équipe ont été formés en premier, puis l’ensemble des agents, en mobilisant notamment les enveloppes budgétaires dédiées à la formation dans les collectivités, particulièrement avantageuses pour les formations collectives en interne. L’approche a été volontairement progressive– commencer avec une équipe, sur un seul secteur – et très concrète, en valorisant les bénéfices perçus comme la réduction de la pénibilité. Aujourd’hui, la formation se poursuit de manière continue, chaque agent suivant des modules annuels thématiques tels que la gestion de l’eau, le choix des plantes ou encore la taille des vivaces.
 
Outre les formations, les jardiniers sont impliqués et écoutés grâce à la concertation. Pour chaque réaménagement, des discussions sont organisées avec les jardiniers pour qu’ils puissent formuler leurs propositions.
 

Une communication qui s’est développée dans un second temps


Au lancement de la démarche, la priorité était de transformer les pratiques sur le terrain, avant d’engager une communication plus large. La commune s’est toutefois appuyée sur le label EcoJardin pour valoriser ses efforts : un premier site a été labellisé dès 2013. L’évaluation associée a mis en évidence un axe d’amélioration sur la communication.
 
En réponse, la ville a développé ses propres outils : panneaux pédagogiques, site internet, charte de l’arbre, charte du sol… Ces supports ont permis de franchir un cap, en rendant la démarche plus visible et compréhensible pour le public.


L’évolution du matériel et des méthodes de travail 


L’achat de matériel s’est fait graduellement pour l’ensemble du service. En complément, chaque chef d’équipe dispose d’une enveloppe dédiée pour du matériel léger (gouges, bacs, etc.), à adapter aux besoins du terrain.
 
Côté organisation, le démarrage a exigé un temps de préparation important, nécessitant des compétences spécifiques et un travail de fond. Toutefois, à moyen terme, la gestion écologique ne prend ni plus ni moins de temps au quotidien. Par exemple, le choix de végétaux mieux adaptés, peu gourmands en entretien, génère un gain de temps progressif sur le terrain. Cependant, la planification reste un travail régulier : chaque année, chaque chef d’équipe consacre environ une semaine à l’élaboration des plannings d’entretien. 

Des résultats positifs


  • Augmentation notable de la biodiversité, particulièrement visible sur certains sites via l’observation des oiseaux.
  • Réalisation d’une première « rue-jardin », intégrant arbres et végétalisation complète des trottoirs, en remplacement des surfaces minérales et chaussées classiques.
  • Mise en place de partenariats scientifiques et écologiques : avec l’Université de Rennes, un inventaire approfondi des lombriciens a été réalisé sur une semaine dans le cadre de l’Observatoire Participatif des Vers de Terre (OPVT) ; avec Hermès, un monitoring des ruches est conduit dans le cadre des travaux d’un écoquartier pour évaluer l’impact des chantiers sur la biodiversité et la croissance des plantes.
  • Gestion durable des déchets verts : compostage interne, fabrication d’engrais maison, avec analyse régulière de la qualité du compost.
Retours utilisateurs-rices

Faire des jardiniers « les ambassadeurs de la gestion écologique » à Plaine Commune

En juin 2025, nous nous sommes entretenus avec Julia Baumaire, Chargée de projet gestion des espaces verts et nature en ville chez Plaine Commune. Cet établissement public territorial (EPT) situé en Seine-Saint-Denis, regroupe neuf communes et plus de 400 000 habitants. L’établissement compte 320 agents répartis en 24 équipes géographiques, intervenant sur plus de 1 100 sites.
 
Comme ailleurs, la mise en place de la gestion écologique à Plaine Commune a nécessité un accompagnement au changement. La démarche bouscule des pratiques professionnelles et des savoir-faire profondément ancrés, alors même que les jardiniers sont en première ligne. Ce sont eux qui entretiennent les espaces et qui sont confrontés à la population, parfois réticente. 

Les formations collectives permettent de partager les pratiques et de nourrir la passion du métier


À l’échelle de l’EPT, chaque commune dispose de son propre service espaces verts, avec des niveaux de connaissance et d’engagement très variables sur la gestion écologique.
 
Pour créer des bases communes et que « les équipes puissent faire corps sur le sujet », Plaine Commune a créé des formations en équipe, complétées par des visites de terrain sur d’autres territoires. Ces visites ont un impact d’autant plus fort qu’elles sont animées par des homologues passionnés, capables de transmettre leur engagement et leur savoir-faire.
 
Car c’est aussi par la passion du métier que se joue l’acculturation, la collectivité a insisté notamment sur la beauté qu’on peut faire émerger dans des pratiques plus naturelles, pour leur permettre aux agents de retrouver du sens et du plaisir dans un métier qu’ils aiment profondément.
 

L’écoute, le soutien et la co-construction font grandir l’implication des équipes


L’adhésion s’est construite dans la durée via des temps de partage, d’échanges, mais aussi par des expérimentations concrètes menées sur les sites, souvent dans le cadre de projets d’équipe, comme certaines plantations.
 
Sur le terrain, les agents sont associés aux réflexions sur les évolutions possibles des modes de gestion : ce dialogue renforce leur implication et leur capacité à proposer des ajustements adaptés. Et, peu à peu, à mesure que certains s’approprient pleinement ces nouvelles pratiques, ils embarquent leurs collègues, dans la dynamique collective.
 
Enfin, être ambassadeur de la gestion écologique demande du courage, par l’exercice d’un métier physique, souvent exposé, parfois critiqué. D'où la volonté de Plaine Commune de leur offrir une écoute constante, de l’empathie et un soutien institutionnel fort, pour qu’ils puissent assumer pleinement ce rôle de relais auprès du public.

 
Une communication claire renforce la parole des agents sur le terrain


Panneau d'information © Plaine Commune

Les jardiniers doivent pouvoir comprendre, mais aussi expliquer et défendre les principes de la gestion écologique. Pour cela, Plaine Commune a jugé essentiel de leur « donner des éléments de langage » clairs et adaptés.
 
Plaine Commune a ainsi travaillé la terminologie utilisée sur le terrain : par exemple, l’expression “bandes de propreté” – porteuse d’un jugement péjoratif – a été progressivement remplacée par celle de “bandes d’usage”, plus neutre et descriptive. 
De plus, l’EPT a multiplié les formats de communication : panneaux, affichettes, messages sur les prairies ou les haies sèches… Cette signalétique permet aux agents de s’appuyer sur des supports tangibles pour argumenter lorsqu’ils sont interpellés.












Co-bénéfices

Co-bénéfices environnementaux :

  • Biodiversité 
  • Sobriété 
  • Économie circulaire / Zéro Déchet 
  • Santé & environnement (Pollution de l’air, pollution sonore)

Co-bénéfices autres :

  • Santé des agents d’entretien 
  • Bien-être des usagers 
  • Sensibilisation à l’environnement et la biodiversité
Coûts

Des coûts variables

Les coûts peuvent être très variables en fonction des surfaces à entretenir, des méthodes utilisées, etc. Il est donc difficile de donner des chiffres très précis. Globalement, la plupart des éléments sont intégrés dans les dépenses courantes pour un gestionnaire, hormis certains postes de dépenses spécifiques, tels que :  

  • Diagnostic / inventaires externalisés  
  • Communication  
  • Formations des agents : peuvent être financées via les enveloppes dédiées des collectivités territoriales. 
  • Achat de matériel spécifique (ex. tondeuse mulching) 
En revanche, la gestion écologique peut permettre des économies comme :  

  • Rationaliser la gestion des ressources dans un contexte d’augmentation des surfaces d’entretien et d’effectif stables, en « affectant du temps et des moyens là où cela est indispensable pour maintenir la valeur d’usage, le confort du public, les fonctionnalités de l’espace vert » (Plante&Cité).   
  • Limiter certaines dépenses : eau, déplacements, carburant, intrants… 
  • Limiter certains coûts indirects, rarement comptabilisés : éviter les coûts de dépollution des sols ou de l’eau, ou encore les dépenses liées à la réparation pour cause de maladies ou de parasités. 
Les retours d’expérience que nous avons pu avoir s’accordent pour dire que sur le temps long, la gestion écologique ne coûte pas plus ou moins cher. En amont, elle requiert un investissement en temps pour intégrer de nouvelles pratiques et quelques dépenses matérielles. Toutefois, de manière générale, la réduction de l’entretien effectif permet de compenser le temps supplémentaire passé sur chaque tâche. 

Les aides financières

Nous n’avons pas connaissance pour l’instant d’aides financières spécifiques à la mise en place du plan de gestion. Néanmoins, les labels constituent un accompagnement technique. De plus, certaines aides existent pour les études ou des aménagements de gestion écologique (création et restauration de milieux, installation de nichoirs, désimperméabilisation, création de mares, l’implantation de haies...).

Complexité et contexte de mise en oeuvre

Construire un projet collectif et stratégique  

La gestion écologique est une initiative commune pour le gestionnaire, qu'il s'agisse d'une municipalité, d'une copropriété ou d'une entreprise. Dans ce cadre, l’engagement des élus ou des dirigeants joue un rôle déterminant : il permet d’intégrer la gestion écologique dans une stratégie environnementale globale et de mobiliser, grâce à leur capacité fédératrice, les agents comme les habitants. 
 

Accompagnement aux changements de pratique et implication des agents  

La réussite d’une gestion écologique repose les agents à la fois opérateurs et relais auprès du public.  

La transition suppose un véritable changement de paradigme. Cela nécessite une formation continue et progressive. L’accompagnement doit être collectif et structuré : co-formation agents/encadrants, plan de formation, visites de sites inspirants, échanges d’expériences et outils de suivi.  

Mais au-delà de la formation, l’implication des équipes est essentielle : les associer au choix des techniques, à l’expérimentation et à la validation collective du plan d’action favorise leur adhésion et améliore la pertinence des mesures. Ce processus doit s’appuyer sur une écoute attentive des besoins et des retours du terrain. 

Enfin, cette évolution doit prendre en compte les conditions de travail des agents en réorganisant les tâches, en mettant à disposition des équipements adaptés et en valorisant les bénéfices en santé et qualité de vie au travail.   

La sensibilisation des usagers 

La transition vers une gestion écologique modifie l’apparence des espaces verts et peut susciter des réticences (attachement aux pratiques traditionnelles, impression de négligence, peur d’une nature « sauvage », normes esthétiques classiques, etc).

Pour lever ces freins, un travail continu de pédagogie est nécessaire : informer sur les objectifs et bénéfices concrets, valoriser les signes positifs de la nature spontanée, et adopter une communication claire et accessible. 

Cette sensibilisation doit s’appuyer sur une diversité de supports et d’actions : panneaux pédagogiques, animations, visites, ateliers, médias locaux, réseaux sociaux, labels et partenariats. La participation des habitants (réunions publiques, sciences participatives…) renforce l’adhésion, tout comme la prise en compte de leurs retours. Enfin, la propreté et la bonne gestion des déchets restent essentielles pour garantir l’acceptabilité. 
 

S’appuyer sur un label pour structurer et valoriser sa démarche 

Les labels offrent aux gestionnaires d’espaces verts un accompagnement méthodologique, une reconnaissance auprès des parties prenantes et un regard extérieur stimulant pour améliorer les pratiques. 

Par exemple, le label EcoJardin, créé en 2012 par Plante & Cité, évalue les pratiques de gestion écologique sur un espace vert spécifique selon un référentiel. Pour les gestionnaires, il est autant un outil de valorisation qu’un argument pour mobiliser les élus ou dirigeants. Il structure la démarche écologique et encourage une amélioration continue en identifiant les points forts et les axes d’amélioration.  

  • À Pantin, les retours des audits ont enrichi la stratégie de communication. Le label a aussi favorisé le rapprochement entre écologues et jardiniers, facilitant des compromis entre les attentes des administrés et les enjeux de biodiversité (ex. : faire fabriquer les nichoirs par les jardiniers).  
  • À Paris, 492 espaces verts sont labellisés EcoJardin sur un total d’environ 538 espaces verts municipaux en 2024, ce qui contribue à inscrire durablement la gestion écologique dans les pratiques. Le label introduit notamment une forme d’exigence positive. 

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