Créer des bandes végétalisées ou des noues urbaines

Les bandes de végétation plantées peuvent récupérer les eaux de ruissellement des voiries et des trottoirs, surtout si elles sont décaissées, tout en rafraîchissant la ville.


Enjeux d'adaptation

Une réponse aux fortes pluies et aux fortes chaleurs


Les noues urbaines permettent de désengorger les réseaux d’assainissement en « abattant » les eaux pluviales ruisselant sur la voirie, c’est-à-dire qu’elles les conservent sur la parcelle en les infiltrant ou en les retenant. Elles contribuent également au rafraîchissement de l’espace urbain par l’évapotranspiration des plantes.
Points forts
  • Aménagement peu coûteux et subventionnable
  • Outil de gestion des eaux pluviales efficace
  • Plusieurs services écosystémiques
  • Traitement de la pollution chronique
  • Intérêt esthétique
Noue urbaine le long du boulevard de Pesaro à Nanterre (92) - © Agence Parisienne du Climat
[AdaptaVille] Des noues urbaines pour recueillir l'eau de pluie - © Agence Parisienne du Climat
Description de la solution
Domaine d'application : Espace public

Cette solution de gestion des eaux pluviales fondée sur la nature consiste à créer des espaces de pleine terre avec des végétaux plantés, que l’on qualifiera de “noues urbaines” lorsqu’elles sont décaissées et vers lesquels sont orientés les flux d’eau de pluie de la voirie. Ces espaces sont généralement situés en bordure du trottoir ou de la chaussée. Si le contexte le permet, le surplus d’eau s’infiltre directement dans le sous-sol. L’aménagement peut aussi être rendu étanche avec un surplus d’eau évacué directement vers le réseau d’assainissement.

Bien choisir l’emplacement des bandes végétalisées

Le principe est d’utiliser les aménagements existants, en multipliant ces bandes à des endroits stratégiques, sans recourir à des travaux d’envergure pour y acheminer l’eau de pluie. Les bandes végétalisées sont soit alimentées directement en eau pluviale en utilisant les pentes naturelles de la voirie, soit via le caniveau.

Il est conseillé de multiplier les points d’arrivée (ou d’engouffrement) d’eau, afin d’éviter l’accumulation des déchets et des pollutions en un seul point. L’idéal est un engouffrement linéaire sur toute la longueur pour ne pas surexposer une zone en particulier.

Il est préférable d’en équiper en priorité les zones les moins fréquentées par les piéton·nes et les véhicules et où la végétation subit moins de pressions.

Adapter les différentes couches à la qualité du sol

L’épaisseur du substrat de ces aménagements, composé généralement de terre végétale et de sable, peut varier de 30 à 60 cm.

Si le sol est peu perméable, un horizon artificiel peut être implanté sous le substrat, constitué par exemple de gravier, afin de drainer le fond du dispositif et de stocker le surplus d’eau avant infiltration.

Dans le cas où le dispositif doit être rendu étanche car le contexte géotechnique ne permet pas l’infiltration, ou car l'infiltration mettrait en danger les constructions à proximité, une membrane étanche sépare le substrat et le sous-sol. Il est alors important de prévoir l’évacuation du trop plein d’eau pour éviter l’asphyxie des racines par ennoiement.

Autre point de vigilance : les réseaux souterrains. Il faut laisser entre eux et les racines un espace minimum (2 m à Paris). Si besoin, une barrière anti-racinaire peut être installée.

Choisir les essences à planter en fonction de plusieurs facteurs

De manière générale, les essences sont choisies pour leur résistance aux variations hydriques et aux pollutions chroniques. Les plantes aquatiques sont à éviter car les noues ne sont pas des zones humides : une noue infiltrante n’est en eau que 0,5% du temps. Il s’agit d’une erreur commune chez les maîtres d’ouvrages. La densité de la végétation est déterminée par la quantité d’eau reçue.

Plus la surface raccordée (sur laquelle tombent les eaux de pluie qui ruisselleront vers la végétation) est grande par rapport à la surface de la bande, plus la végétation devra être dense.

La végétation ne doit pas être uniforme :

  • Aux extrémités et aux points d’engouffrement, particulièrement exposés aux pollutions chroniques, il convient de densifier la végétation ; 
  • Les plantes en point bas doivent être adaptées à un sol détrempé ; 
  • Les plantes surélevées doivent pouvoir résister au stress hydrique.

Enfin, d’autres facteurs entrent en ligne de compte :

  • Le climat, en particulier les températures et la fréquence des précipitations ;
  • La vitesse d’infiltration du substrat ;
  • L’aspect esthétique recherché.

A noter que dans un espace étanche, la palette des végétaux utilisables est réduite : il convient de planter des plantes qui évapotranspirent davantage afin de réduire le trop plein d’eau.

Protéger ces espaces du piétinement et des pollutions

Le piétinement de ces espaces provoque un tassement qui met en péril la survie des plantes. La fréquentation par les chiens peut faire péricliter la végétation (dégâts physiques, déjections). C’est pourquoi, pour des questions de pérennité et de sécurité, des protections sont souvent nécessaires, selon le flux de piéton·nes et des places de stationnement le long de ces espaces. Une hauteur de 30 cm est relativement dissuasive pour limiter le piétinement.

Pour limiter l’accumulation de déchets au sein des bandes végétalisées, des lames ajourées, laissant passer l’eau mais pas les gros déchets, peuvent être installés. L’infiltration directe des eaux de chaussées très circulées est elle déconseillée pour ne pas nuire aux végétaux.

Expérimentation de la solution

Retours utilisateurs-rices

A Nanterre, une noue avec trois strates de végétalisation

Jeanne GODIN, Chargée de mission écologie urbaine - Direction des services de l’Environnement Mission Transition Ecologique, Mairie de Nanterre

« Sur les terrasses de la ville de Nanterre, une noue a été plantée à partir de « Paris La Défense Arena », le long d’une piste cyclable. Cet aménagement vient récolter les eaux pluviales des trottoirs et de terrasses. Celles-ci sont certes végétalisées, mais se situant au-dessus de l’autoroute A14 elles ont une très faible capacité d’infiltration des eaux pluviales. Les noues de 6 mètres de largeur viennent compenser ce manque avec une forte capacité de stockage et d’infiltration.

Elles sont fortement végétalisées avec la présence des trois strates (herbacée, arbustive et arborée), et la présence de végétaux essentiellement indigènes, adaptés aux variations d’humidité du sol et ne nécessitant pas d’arrosage, sauf lors des deux premières années de plantation.

La ville de Nanterre a aménagé ces bandes végétalisées au fur et à mesure de la création de ces terrasses au cours des années 2000 et 2010 par l’aménageur Paris La Défense et de son équipe de maîtrise d’œuvre Treuttel-Garcias-Treuttel et associés. La noue fait aujourd’hui un peu plus d’un kilomètre de long et est aménagée de façon discontinue. Elle est gérée par la ville de Nanterre qui vient y appliquer une gestion extensive en n’intervenant seulement pour effectuer des tailles douces si nécessaire. »

Co-bénéfices

Co-bénéfices environnementaux :

  • Purification de l’air par les végétaux
  • Absorption du carbone
  • Protection de la biodiversité

Co-bénéfices autres :

  • Embellissement du paysage urbain
  • Matérialisation d’une frontière physique entre l’espace piéton et la chaussée
Coûts

Frais de réalisation


Fourchette de coût de construction d’une noue : 100 à 300 €HT/m² selon la complexité pour la partie dédiée à la gestion des eaux pluviales.

Coûts supplémentaires pour un système étanche :

  • Couche d’étanchéité (40 cm d’argile ou géomembrane PEHD 2 mm) : 7 à 15 €/m2 (fournisseur 2017)
  • Couche de drainage : 1 à 3 €/m2 (fournisseur 2017)
  • Ourage de régulation : 1 500 à 5 000 € (CUB 2013)

Lames ajourées : 115 € HT/mL (Ville de Paris, 2020)

Frais d’exploitation


Coût moyen d’exploitation d’un jardin classique à Paris : 8 €HT/m²/an. Compter un surcoût pouvant aller jusqu’à 100% si le ratio surface raccordée/surface de l’aménagement est élevé (R>10).

Les aides financières existantes pour végétaliser les trottoirs


L’Agence Eau Seine Normandie (AESN) subventionne les projets de réduction à la source des écoulements de temps de pluie par la désimperméabilisation des sols, à hauteur de 80 %, avec des prix plafond de 30 à 100 € HT/m² en fonction des pourcentages de végétalisation et de l’augmentation des surfaces de pleine terre. En savoir plus avec le programme Eau & Climat et la présentation des aides du XIe programme pour la gestion des eaux pluviales de l’AESN. 

La Région Ile-de-France propose également des aides financières pour l'aménagement de noues via son fond Ilôts de Fraîcheur Urbains.

Complexité et contexte de mise en oeuvre

Comment entretenir les bandes végétalisées ?

Les bandes végétalisées doivent être entretenues manuellement ce qui induit un coût plus important de main d’œuvre : enlèvement des déchets, remplacement des végétaux morts, surveillance d’une éventuelle végétation invasive ou d’une stagnation d’eau… Les aménagements d’une largeur de moins de 2 mètres seront plus facilement nettoyés par les services en charge de la propreté.

Une pollution accidentelle peut nécessiter le remplacement du substrat et des essences. En revanche, des plantes appropriées résistent aux polluants spécifiques des eaux de ruissellement.

Les plantes ont généralement besoin d’être arrosées les premières années, puis occasionnellement en cas de sécheresse. L’arrosage doit être automatisé sur les bandes importantes si cela est possible.

Les plantes et le substrat doivent être renouvelés au bout de quelques années, selon les polluants accumulés dans l’espace végétalisé.

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