Le développement de la végétation en ville, qui offre de nombreux bénéfices, entraîne une demande croissante en eau pour l’arrosage. Certaines pratiques comme l’utilisation de sondes tensiométriques, le paillage des sols et l’arrosage goutte à goutte permettent d’optimiser l’usage de la ressource en eau tout en répondant durablement aux besoins hydriques et vitaux des plantes.
Préserver la ressource en eau et protéger la végétation de la sécheresse
La végétation urbaine est devenue un levier essentiel d’adaptation au changement climatique. Elle contribue à créer des îlots de fraîcheur, à réguler le cycle de l’eau et à favoriser la biodiversité.
Cependant, le changement climatique accentue la fréquence et l’intensité des sécheresses, renforçant ainsi les tensions déjà fortes sur la ressource en eau en ville.
Dans ce contexte, il est nécessaire de concilier développement du végétal et gestion économe de la ressource en eau.
Selon Météo-France, le changement climatique entraîne de profondes conséquences sur le cycle de l’eau ainsi qu’une raréfactioncroissante de la ressource en eau disponible.
Pourquoi la ressource en eau diminue ?
Cette baisse de la ressource en eau s’explique par deux facteurs :
L’augmentation de l’évapotranspiration, c’est-à-dire l’évaporation de l’eau depuis les surfaces terrestres et la transpiration des plantes, en raison des températures plus élevées. Plus il fait chaud, plus l’eau s’évapore des sols, et plus les végétaux transpirent pour réguler leur température. Cette hausse réduit la quantité d’eau disponible pour alimenter les rivières, lacs et les nappes phréatiques ;
La diminution des pluies « efficaces » automnales et hivernales, indispensables à la recharge des nappes pour alimenter les cours d’eau l’été suivant, en raison de la variabilité interannuelle qui se renforce. Cette recharge insuffisante provoque une baisse importante de la ressource en eau.
Le bassin versant de la Seine n’est pas épargné par cette tendance, qui se manifestedéjà en Île-de-France : en 2022, suite à un hiver particulièrement sec –41 % de précipitations en moins par rapport aux normales de saisons – plus de 20 % des cours d'eau de la région était en situation de crise sécheresse du fait de leurs faibles débits, et 10 % d'entre eux était complètement à sec, d'après le rapport de l'OCDE(2025).
Comment s'adapter à cette diminution de la ressource en eau ?
Dans l’objectif de préserver cette ressource en eau, des restrictions sont appliquées chaque été dans certaines régions, afin de réduire l’utilisation de l’eau de surface des rivières et des plans d’eau :
En 2019, près de 50 % du territoire d'Île-de-France a été concerné par des restrictions des prélèvements d'eau à usage agricoles ;
En 2022, 55% du territoire nationale a été concerné par une restriction.
En parallèle, selon le Cerema, les espaces verts publics consomment en moyenne 248 litres par mètre carré et par an (soit environ 75 000 000 m3 à l’échelle nationale). En 2013, 91 % de l'eau utilisée pour leur arrosage est de l'eau potable issue du réseau de distribution : il existe ainsi une forte marge de réduction des prélèvements sur la ressource en eau à saisir.
Dans ce contexte, il est essentiel d’adapter l’espace urbain à cette tension sur la ressource en eau, en valorisant son économie et en optimisant son usage. Ainsi, plusieurs leviers peuvent être saisis :
Le sol est un élément essentiel à prendre en compte pour réduire la consommation en eau liée à l’arrosage. Un sol vivant et riche en matière organique retient mieux l’humidité et nourrit les plantes.
Le paillage, qu'est-ce que c'est ?
Le paillage consiste à poser une couche de matériau protecteur – le paillis – sur le sol, permettant de limiter l’évaporation de l’eau et garder l’humidité du sol.
Cette méthode apporte également d’autres bénéfices, par exemple :
Contrôler le développement d’adventices ;
Réguler la température du sol en limitant les chocs thermiques jour/nuit et les écarts de température pendant les saisons ;
Enrichir le sol en matière organique et en nutriments grâce à la dégradation du matériau de paillage ;
Augmenter la présence de la microfaune utile à la vie du sol ;
Réduire le tassement du sol.
En plus d’enrichir le sol, le paillage permet efficacement de réduire l’évaporation des sols : d’après une étude de l'OFB, le paillage peut réduire de 10 à 15 % les besoins en eau, selon l’épaisseur du paillis
Comment faire du paillage ?
Différents matériaux peuvent être utilisés comme paillage, qui peuvent être issus de déchets végétaux valorisés. Ils sont choisis en fonction du type de sol, des besoins en nutriments et de la masse microbienne.
Une expérimentation réalisée par la Ville de Paris à l’école du Breuil en 2004 a comparé plusieurs types de matériaux et leurs effets sur les caractéristiques physico-chimiques du sol et sur son activité biologique. L'enseignement principal de l'étude est « qu’il n’existe pas de paillis à usage universel », chacun ayant ses forces et ses faiblesses. On retrouve par exemple :
Le broyat (copeaux du broyage de végétaux) secs, frais ou composté selon les besoins, très utilisé ;
Le Bois Raméal Fragmenté (BRF), provenant de broyat de jeunes rameaux encore vivants de très faible diamètre, et qui permet de recréer un sol humique, aéré et riche en micro-organisme ;
Les feuilles de ligneux, propice à la présence de lombrics ;
La coque de cacao, riche en potassium et magnésium ;
L’écorce de pin.
Le paillage peut se réaliser un peu partout : au pied d’arbustes, sous les haies, dans les jardinières, et les plantes en pot, au pied des massifs floraux.
Il est efficace s’il est appliqué au bon moment :
Au printemps, quand le sol a commencé à se réchauffer et que les graines plantées sont bien germées (afin qu’elles soient résistantes aux éventuelles attaques de ravageurs) ;
En été, quand il fait très chaud, sur sol humide pour limiter l’évaporation ;
En automne, sur un sol encore chaud, pour protéger les plantes du froid avant l’hiver et éviter de laisser le sol nu.
Le paillage se retire au début du printemps pour laisser le sol se réchauffer, et lors des semis pour ne pas gêner leur levée.
Une sonde tensiométrique est un appareil de mesure qui évalue les forces de liaison (en centibar) entre l’eau et le sol, c’est-à-dire les forces que doivent exercer les racines des plantes pour absorber de l’eau dans le sol. Elle est composée d’un capteur – une bougie poreuse – qui mesure la tension.
En général, les sondes mesurent entre 10 et 120 cm de hauteur, et leur installation est simple. De plus, elles ne nécessitent pas d’entretien particulier en cours de saison.
La tensiométrie permet d’avoir une mesure rapide, mais ponctuelle et limitée en profondeur. Pour y remédier, plusieurs sondes sont installées à différentes profondeurs.
Certaines entreprises recommandent 6 tensiomètres à installer par parcelle suivie, à deux profondeurs différentes, soit 3 sondes par niveau. Cette configuration permet d’obtenir, pour les deux profondeurs, une valeur médiane et ainsi une donnée statistique plus fiable et représentative de l’humidité dans le sol.
Enfin, les mesures peuvent être effectuées de 2 façons :
Manuellement, avec un boîtier de lecture qui fournit une mesure instantanée mais sans enregistrement de données possible ;
Automatiquement, avec un boîtier fixe qui enregistre les données à intervalle de temps défini. Une télétransmission peut être mise en place afin d’éviter de se déplacer pour récupérer les données.
Le goutte-à-goutte est un système automatique d’irrigation à la source utilisé notamment en agriculture. Il fournit l’eau directement à la zone racinaire de la plante, ce qui limite les pertes liées à l’évaporation et au ruissellement.
Le goutte à goutte en surface, simple à installer, à faible coût. Il est facile d’entretien mais moins efficace ;
Le goutte à goutte enterré (de quelques millimètres à une dizaine de centimètres), qui demande une installation et un entretien plus complexe mais est plus efficace.
Cette méthode permet principalement d’augmenter l’efficience de l’arrosage (rapport entre l’eau apportée aux plantes et les pertes liées aux fuites, à l'évaporation ou au ruissellement). Selon plusieurs études (par exemple INRAE), l’efficience peut passer de 50 % pour une irrigation typique manuelle à environ 90 % en fonction du contexte et de la méthode utilisée.
Ces économies dépendent des conditions climatiques et météorologiques de l’environnement, ainsi que de la nature du sol.
L’arrosage goutte à goutte permet aussi de réduire la charge de travail, en raison de la programmation automatique qui ne demande pas de déplacement de matériel.
Enfin, les faibles doses d’arrosages permettent de réduire les risques de drainage et de lixivation – perte de nutriments végétaux du sol solubles par l’eau entraînés par les eaux d’infiltration à la suite de pluie ou d’arrosage.
D’autres solutions pour un arrosage économe
Plusieurs autres outils existent, majoritairement utilisées par des particuliers, dans des petits jardins, et possèdent pour l’instant peu d’études et de retours d’expériences à leur sujet. Néanmoins, ils constituent des solutions mobilisables pour réduire la fréquence d’arrosage et la consommation d’eau.
Les sacs d’arrosages permettent de stocker un volume d’eau, de 50 à 75 L pour la plupart des modèles, qui se diffuse par un arrosage goutte à goutte pendant 5 à 10 h.
Destinés à être installer au pied de jeunes arbres, qui demandent une attention particulière les trois premières années, ces sacs sont réutilisables et nécessitent un remplissage 1 à 2 fois par semaine selon les besoins.
L'EPT Plaine Commune (Seine-Saint-Denis) a déployé ces dispositifs dans le cadre de la mise en place d'une gestion écologique sur ses espaces verts. La Ville de Stains, dans son article à ce sujet, indique que l’utilisation de cet outil découle d’une volonté d’entretien des jeunes arbres, qui permet un gain de temps et une réduction des pertes d’eau liées au ruissellement vers le caniveau.
Ces sacs coûtent de 10 à 20 € selon le volume et le prestataire, et peuvent être assemblés selon la circonférence du tronc et le volume d’eau nécessaire.
Les oyas sont des jarres poreuses qui permettent une irrigation souterraine, économe en eau, et adaptées pour de petites exploitations, en particulier en zone aride. Cette méthode est utilisée depuis 2000 ans, selon les estimations, et sert avant tout à la production de nourriture.
Pour utiliser un oya, il suffit de l’enterrerautour de la végétation plantée, au maximum à 30 cm, de sorte que le haut dépasse du sol de quelques centimètres, puis de la remplir d’eau avant de la refermer pour limiter l’évaporation.
Les parois poreuses diffusent lentement l’eau au niveau des parois extérieurs, puis dans le sol de 30 à 50 cm autour où l'eau sera absorbée par les racines des plantes.
Les jarres sont espacées les unes des autres d’environ :
0,5 sur un sol sableux ;
Jusqu’à 1,5 m pour un sol argileux.
Ainsi, les racines se développent autour de l’oya, dans le sol humide et sur la surface de la jarre. La diffusion d’eau fonctionne par capillarité, ainsi elle ne se vide pas si le sol est humide et que les plantes n’absorbent pas l’eau.
D’après une entreprise fabricante référente en France, l’utilisation de cet outil permettrait de réaliser des économies de 50 à 70 % en eau liées à l’arrosage.
La ville de Tours (Indre-et-Loire) a déployé une cinquantaine d’oyas dans un de ses jardins pour les légumes potagers tout au long de l’année. Dans son article à ce sujet, elle souligne une économie d’eaumais aussi de temps pour les agents d’entretien, qui passent moins régulièrement pour arroser plantes et oyas.
Certains points d'attention sont à prendre en compte :
Elles sont fragiles et doivent être protégées du gel pour éviter d’être fendue. Le paillage du sol autour de la jarre permet de limiter cet aléa en hiver et limiter l’évapotranspiration l’été.
L’utilisation d’une eau calcaire pour le remplissage des jarres peut finir par les boucher. Ainsi, l’eau de pluie est préférable, si elle peut être mobilisée.
Le développement des racines autours de l’oya implique qu’une fois installée, elle n’est pas destinée à être déplacée.
Un retour d’expérience du blog « Potager Durable » souligne que les oyas sont surtout adaptées pour les plantes capables de faire de longues racines horizontales, comme les tomates, les aubergines, les poivrons, les concombres et les courgettes.
Les oyas coûtent entre 20 et 70 €, en fonction de leur volume et de leur qualité.
Arroser moins mais mieux
L’objectif est d’utiliser l’eau aux stricts besoins. Le principe de base pour arroser moins mais mieux est de fournir à chaque plante la quantité exacte dont elle a besoin, au bon moment, en fonction de ses besoins en eau.
Les besoins en eau dépendent du type de végétal, de son stade de croissance, de l’ensoleillement et de la nature du sol.
Un buisson en bord de route, par exemple, aura moins besoin d’eau qu’une pelouse sous le soleil d’été.
De même, les jeunes arbres de moins de trois ans demandent un arrosage régulier ainsi qu’une attention particulière jusqu’à leur bon développement racinaire.
À l’inverse, les arbres installés depuis plusieurs années nécessitent surtout un arrosage attentif en cas de sécheresse prolongée.
Expérimentation de la solution
Plusieurs outils utilisés à Gennevilliers
En octobre 2025, nous avons pu nous entretenir avec Farid CHIKH, chef de projet sur les travaux des espaces verts à la Ville de Gennevilliers (Hauts-de-Seine), au sujet de l’arrosage économe en eau.
Une variété de solutions techniques mobilisées
La ville de Gennevilliers (Hauts-de-Seine), qui compte plus de 15 000 arbres, a installé des sondes tensiométriquesUrbasense sur une vingtaine d’arbres sensibles pour lesquels la volonté d’entretien était forte. Cette opération représentait un coût annuel de 8 000 € environ.
Par la suite, la ville fait évoluer sa démarche en s’orientant vers un diagnostic global de l’état des sols, sur base de SIG (Système d’Information Géographique), afin d’envisager des opérations d’arrosage – en particulier des jeunes plantations les trois premières années – à plus large échelle sur l’ensemble de la commune.
En parallèle, la ville de Gennevilliers pose son propre paillage de BRF, à partir de ses déchets végétaux. La récupération des végétaux se fait principalement dans des écoles.
La taille des arbres et arbustes, qui s’opère généralement l’été dans les collectivités, est reportée en automne pour prolonger le développement des végétaux afin de récupérer un maximum de ressource, et ainsi optimiser le processus de fabrication du BRF. Ce dernier se compose d’éléments de très faible diamètre : branches très fines, rameaux, feuilles. Il permet de renforcer la vitalité du sol, le rendre plus meuble et former un humus riche.
D'autres stratégies de diminution de l'usage de l'eau
Au-delà des solutions techniques, la ville de Gennevilliers cherche à réduire son utilisation de l’eau aux stricts besoins. Elle s'oriente par exemple sur :
Une forte diminution,voire une suppression du fleurissement en bacs ;
Un travail de substitution des plantes annuelles par l'introduction de plantes vivaces
Le développement de plantesarbustives, offrant une plus grande résilience au stress hydrique ;
L’arrosage ponctuel de sites à très fortes utilisations lors d’événements particuliers ;
L’arrosage nécessaire des nouvelles plantations jusqu'à la troisième année (arbres, arbustes, baliveaux...).
Grâce à cette stratégie, le coût de la consommation d’eau pour l’arrosage de la ville a diminué de moitié, passant d'environ 100 000 € / an avant 2024, à 45 000 € en 2024.
Cette baisse de coût pourra encore être optimisée par la gestion rigoureuse des installations, par exemple des détections de fuite.
En décembre 2024, nous avons pu nous entretenir avec Théo CHABRE, responsable des ventes à Urbasense, une entreprise qui conçoit des sondes tensiométriques à destination des collectivités, solution lauréate de l'Appel à candidature AdaptaVille 2024.
Fondée en 2015, cette entreprise propose une expertise en agronomie urbaine et développe des capteurs connectés pour accompagner leurs utilisateurs dans le contrôle de l’arrosage de leurs espaces paysagers et le développement de leurs végétaux.
À travers son logiciel de gestion qualitative des arbres ainsi que de leurs autres services, Urbasense propose de :
Concevoir un inventaire des espaces verts ;
Effectuer le suivi tensiométrique à distance des arbres et des terrains ;
Gérer le patrimoine arboré, via une plateforme cartographique intégrant les données de terrain et le suivi des interventions ;
Préconiser l’arrosage des plantations en fonction des mesures journalières ;
Fiabiliser le partage d’informations entre services ;
Réaliser des formations techniques à la pose de sondes pour l’installer soi-même.
Suivi et gestion de l'eau
Urbasense articule ses services autour d’un ensemble d’outils intégrés :
Des bulletins d’arrosage hebdomadaires, établis à partir de trois mesures par jour, indiquant un statut de vigilance hydrique, la préconisation ou non d’un arrosage et la quantité d’eau à apporter le cas échéant ;
Un bilan annuel, évaluant la reprise racinaire et le confort hydrique des plantations ;
Une plateforme de suivi continu des sites équipés, à travers son application, rassemblant l’historique des préconisations, le statut des plantations avec différents indicateurs de suivi, la cartographie de l’inventaire et un journal des interventions.
Ces sondes peuvent également être déployées sur des terrains sportifs, très consommateurs en eau, avec en moyenne plus de 14 000 m3 d’eau utilisés par stade de football par an. D’après l’entreprise, une optimisation de l’arrosage via leurs solutions permettrait de réaliser au minimum 30 % d’économies d’eau pour ces espaces.
Coût
Le coût d’un dispositif comprenant trois sondes, suffisant pour couvrir en moyenne 10 arbres d’après l’entreprise, est de 915 € HT. Elles peuvent s’adapter à la plupart des types de sol, et possèdent une durée de vie de 4 à 5 ans. De plus, le coût de suivi agronomiqueest de 535 € HT / an. Le client est propriétaire du matériel, et peut l’installer lui-même à l’aide d’une formation.
En décembre 2024, nous avons pu nous entretenir avec Joffrey MARCON, responsable du Service Parcs et Jardins de la ville de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), sur leur utilisation de sondes tensiométriques Urbasense pour leurs espaces verts.
Depuis 2021, la Ville a choisi d’équiper ses jeunes arbres des sondes tensiométriques afin de suivre plus précisément leurs besoins en eau, d’améliorer leur taux de reprise et de réduire les consommations d’eau potable destinée à l’arrosage.
Une volonté de développer et entretenir les espaces verts
Saint-Germain en Laye porte une forte ambition de végétalisation, avec près de 300 jeunes arbres plantés par an entre 2021 et 2025. Au total, près de 65 hectares d’espaces verts sont entretenus par le service Parcs et Jardins de la ville. Cela représente plus de 8 500 arbres pour 28 agents.
Avec la forte augmentation du nombre d’arbres plantés, il a été constaté qu’une part trop importante ne survivait pas à leurs premières années. L’entretien des jeunes arbres durant cette période était assuré par l’entreprise chargée de la plantation. Or, il s’avère parfois plus rentable économiquement pour ces entreprises de remplacer les arbres mourants plutôt que d’essayer de les entretenir suffisamment pendant l’été.
Le taux de reprise des jeunes arbres de la Ville était estimé en 2020 à environ 80 %.
Les résultats de l'utilisation des sondes tensiométriques
Ainsi, la Ville a décidé d’équiper ce dispositif sur ses deux premiers arbres en 2020, jusqu’à en posséder 12 en 2024. Ce suivi agronomique des 12 sondes représentait un budget d’environ 7 200 € par an.
Le coût d'une sonde, environ 800 € pour son acquisition et 600 € pour son suivi annuel, est très vite amorti par les économies réalisées et permet à la ville d’en déployer d’autres. En effet, dès la deuxième année, les sondes permettent de réduire le passage des agents pour arroser de 30 %, économisant 350 € TTC et 6 m3 d’eau par jourd’arrosage.
Cette économie est plus particulièrement présente lors de la deuxième année qui suit la plantation.
En 2024,le taux de reprise était au-dessus de 95 %.
Le coût d’une sonde varie de 50 à 300 € HT, selon leur taille, leur qualité et leur automatisation.
Un kit complet, comprenant 6 sondes, un boîtier de lecture, une tarière vrille ainsi qu'un thermomètre de sol coûte aux alentours de 700 € HT.
Paillage
Pour le paillage, il est préférable d’essayer de récupérer les déchets verts pour le produire soi-même.
Si ce n’est pas envisageable, le coût d’achat dépend du type de matériau utilisé et du prestataire.
En moyenne, un paillage organique coûte entre 80 et 150 € HT pour 1 m3 selon sa nature et sa qualité.
Le BRF coûte moins cher. Auprès d’un professionnel, le prix est d’environ 50 à 100 € pour 1 m3.
Goutte à goutte
Le coût du système goutte à goutte dépend de la surface, ainsi que du type d’arrosage – de surface ou enterré. En effet, le goutte à goutte enterré nécessite un matériel spécifique qui résiste aux contraintes du terrain, en plus de la pose.
Pour un petit linéaire de 25 m, les kits d’un goutte-à-goutte de surface coûtent généralement entre 50 et 100 € selon les produits et les différents modules qu’il contient. Les kits enterrés peuvent atteindre 200 € sans la pose pour un même linéaire.
Le coût de fonctionnement annuel d’un arrosage goutte à goutte automatique est de 10 € au m².
L’un des freins majeurs au déploiement de ces solutions techniques est la réticence au changement de la part des équipes de terrain. Cette évolution peut pourtant s’accompagner d’une amélioration des conditions de travail des agents, avec une réduction de la pénibilité et une montée en compétence, comme dans le cadre de la gestion écologique.
Précautions à prendre avec le paillage
Choix du matériau
S'il n'est pas bien choisi ou utilisé, un matériau organique peut rapidement pourrir au lieu de se décomposer progressivement, et se transformer en un paillasson qui bloque les transferts de l'eau et de l'air, au détriment des cultures.
En parallèle, certains types de paillage peuvent avoir un léger effet acidifiant sur certains types de sol. C'est le cas par exemple de l'écorce de pin sur sol acide (sur sol à pH neutre ou basique, l'acidification est quasi nulle).
À Chalette-sur-Loing (Loiret), la ville a expérimenté plusieurs matériaux avant de conserver la paille de miscanthus :
La paille de froment, trop combustible et donc inadaptée en milieu urbain ;
Le paillis à base d'écorces de cacao attire les merles qui grattent alors dans les parterres ;
L'écorce de pin se décompose moins bien et acidifie les sols ;
La paille de chanvre convenait mieux mais sa couleur blanche la rendait moins esthétique.
Contexte du paillage
La texture du sol, la pluviométrie, le taux d’ensoleillement en fonction de la saison, et d’autres facteurs vont également conditionner le choix d’un mode de couverture du sol.
En effet, un même matériel de couverture du sol va, selon son épaisseur, exercer une influence sur l’activité biologique des sols. Par exemple, une épaisseur importante de paillis peut ralentir le réchauffement du sol au printemps, ce qui affecte l’activité bactérienne et la croissance des plantes.
De plus, il est important de ne pas pailler un sol gelé ou saturé en eau. Au printemps, il faut attendre une dizaine de jours après la plantation des jeunes plants pour leur laisser le temps de se développer et de devenir résistants aux attaques de ravageurs.
Urbasense est une entreprise qui propose aux collectivités un suivi tensiométrique des sols grâce à des capteurs connectés, dont les données sont restituées sous forme de bulletins d’arrosage. Ce suivi a pour objectif de réduire les besoins d’arrosage des espaces verts tout en entretenant le patrimoine arboré. Leur logiciel propose une cartographie interactive pour suivre l’état hydrique des sols et la croissance racinaire, ainsi que des préconisations chaque semaine pour optimiser l’arrosage.
La sonde WaterMark est un tensiomètre de base. Elle permet de mesurer la tension du sol entre 0 et 240 centibars pour en évaluer l’humidité. Elle peut être utilisée en grandes cultures, arboriculture, viticulture, et aussi lorsque le sol devient très sec. Elle ne nécessite pas d'entretien particulier et ne craint pas le gel.