Prévenir le risque retrait-gonflement des argiles sur un bâtiment existant : stabiliser l’humidité des sols

Le phénomène de retrait-gonflement des argiles est amplifié par les variations d’humidité du sol. Pour prévenir ses impacts, plusieurs actions permettent de stabiliser l’humidité du sol, certaines étant compatibles avec la présence de végétation aux abords du bâtiment.


Enjeux d'adaptation

Limiter l’impact du RGA sur le bâti existant

Le retrait-gonflement des argiles (RGA) est un phénomène qui touche 92 % du territoire de la Métropole du Grand Paris (Plan Climat-Air-Énergie Métropolitain, page 169).

Caractérisé par un mouvement du sol dû à un assèchement des argiles lors de périodes de sécheresse (retrait) ou à une grande absorption d’eau lors de fortes pluies (gonflement), ce phénomène fragilise les constructions et notamment les maisons individuelles en générant des fissures.

Sous l’effet du changement climatique, principalement en raison de l’augmentation et l’intensification des sécheresses, le risque de RGA s’amplifie.
Points forts

Des mesures de prévention pour éviter de lourds dégâts 

  • Mesures à coût moindre
  • Mesures préventives
  • Mesures peu invasives
Bâtiment fragilisé présentant une fissure - © bildlove/Adobe Stock
Schéma du RGA sur une maison construite sans fondations suffisantes sur un sol argileux - © Géorisques
Description de la solution
Domaine d'application : Bâtiment

Deux stratégies permettent de limiter les dégâts engendrés par le de RGA :
 
  • Agir sur le bâtiment et ses fondations, pour le rendre moins sensible aux mouvements de terrain
  • Limiter les variations d’humidité du sol, afin de réduire les phénomènes de gonflement et de rétractation
Cette deuxième stratégie consiste à contrôler l’évaporation et l’humidification à différentes actions, liées à la végétation environnante, à la gestion de l’eau de pluie ou encore l’étanchéification des abords.

Gérer la végétation autour du bâti

La présence de végétation à proximité du bâti peut accentuer le phénomène à cause de la succion du sol par les racines qui peuvent pomper l’eau jusqu’à 5 mètres de profondeur et déstabiliser le taux d’humidité du sol.

Souvent pointées du doigt face aux risques liés au RGA, la végétalisation et la désimperméabilisation, essentielles pour adapter les villes aux canicules et fortes pluies et pour préserver la biodiversité, ne sont toutefois pas complètement à proscrire.
 
L’enjeu est d’adopter une approche systémique de l’aménagement de son extérieur pour concilier végétalisation et prévention du risque géotechnique.

Adapter la végétation


Afin de prévenir les variations de l’humidité du sol, certaines mesures peuvent être mises en œuvre, parmi elles :
 
  • Dans le cadre de nouvelles plantations, placer la végétation arbustive à une distance d’au moins 1 fois et demie la hauteur à maturité. Pour exemple, un arbre adulte de 4 m de haut devra être planté à minimum 6 m du bâti.
  • Attention : lorsqu’un arbre proche de la construction est présent depuis longtemps sur le terrain, il n’est pas recommandé de l’abattre car cela pourrait bousculer l’équilibre du sol.
  • Si l’espace ne permet pas d’éloigner la végétation arbustive, il est possible d’installer un écran anti-racine à une profondeur adaptée au réseau racinaire, au minimum de 2 m. Il permet de limiter l’extension des racines vers et sous les fondations. Ce dispositif est mis en place de façon verticale dans une tranchée creusée près de l’arbre et associé à une géomembrane imperméable.
  • Choisir des espèces peu demandeuses en eau : certaines espèces d’arbres comme les peupliers, les chênes et les marronniers pompent beaucoup d’eau du sol pour s’alimenter, notamment l’été où ils vont pomper davantage en profondeur. Des études sont en cours pour identifier les espèces les mieux adaptées aux sols argileux.
À noter que la présence de végétation arbustive à proximité d’un bâtiment fissuré peut rendre la maison inéligible au régime CatNat.

  • Favoriser une humidité constante au travers du paillage, pour réduire l‘exposition directe du sol nu, et d’un arrosage raisonné.

Stabiliser l’humidité du sol autour des fondations du bâtiment

Afin de limiter l’évaporation du sol autour des fondations du bâtiment et donc un assèchement plus rapide des argiles, des solutions sont à privilégier, dont :

  • Étanchéifier le pourtour du bâtiment lorsque cela est possible pour stabiliser l’état hydrique autour des fondations avec une protection uniforme imperméable d’au moins 1,5 m de large.
Dans ce cadre, un trottoir périphérique en béton peut être réalisé avec une étanchéification trottoir/maison grâce à un joint souple. Dans le cas où un revêtement étanche n’est pas réalisable en surface (terrain en pente), une géomembrane peut être installée sous la terre végétale.

Ces dispositifs doivent être légèrement inclinés afin d’éloigner les eaux de ruissellement.

  • Éviter les robinets extérieurs à proximité du bâti car les apports d’eau réguliers et les fuites pourraient humidifier les argiles et créer des tassements différentiels
  • Surveiller les canalisations, car les fuites peuvent être la cause des variations du taux d’humidité dans le sol. À noter que dans ce cas, les fissures sur le bâtiment ne sont pas prises en charge par les assurances.

Gérer les eaux pluviales à la parcelle

Enfin, une bonne gestion des eaux pluviales sur son terrain peut permettre de limiter le gonflement et par la suite le retrait des argiles. Il est ainsi possible de :

  • Disposer un drain périphérique qui permet d’évacuer les eaux pluviales et de stabiliser l’humidité autour des fondations. Ce dispositif, installé autour des fondations ou en bout de pourtour étanche, se présente sous la forme d’un tuyau perforé placé au fond d’une tranchée remplie de graviers protégés par un géotextile
  • Récupérer les eaux des toitures avec des cuves de récupération
  • Dans le cas où un pourtour étanche ne peut être installé, créer des pentes pour éloigner les eaux pluviales du bâti

Expérimentation de la solution

Le RGA est encore un phénomène méconnu qui demande des études plus approfondies pour connaître ses impacts réels et identifier les solutions les plus efficaces pour prévenir et arrêter la fissuration du bâti.
 
En France, plusieurs expérimentations sont en cours. Pour cette fiche AdaptaVille, l’Agence Parisienne du Climat a interrogé plusieurs acteurs afin de mieux comprendre leur travail.

Le projet REMED RGA de l’Université Gustave Eiffel en partenariat avec la Ville de Champs-sur-Marne

En août 2025, nous avons rencontré Lamis Makki, Ingénieure-Chercheuse en Géotechnique au département GERS (Géotechnique, Environnement, Risques naturels et Sciences de la Terre) de l’Université Gustave Eiffel.

Ce projet, piloté par l’Université Gustave Eiffel et soutenu par la mairie de Champs-sur-Marne, a pour objectif de répertorier, tester et développer des solutions de remédiation et de prévention du RGA pour les maisons individuelles. Envisagé sur 4 ans (2024-2028), il comprend une phase d’études et de diagnostic des maisons exposées sur la commune afin d’établir une base de données sur la sinistralité et la vulnérabilité de Champs-sur-Marne. Des enquêtes de terrain sont réalisées sur des maisons fissurées et non fissurées de la commune afin de déterminer les facteurs aggravants du RGA. Des modélisations du sol, du bâti et des solutions de prévention seront réalisées pour approfondir cette étude et renforcer les connaissances sur le phénomène.

Enfin, un projet d’envergure sera réalisé en 2026 sur le campus de l’Université Gustave Eiffel, où une maison témoin sera construite sur le modèle de celles de Champs-sur-Marne afin de tester diverses solutions de prévention et de remédiation contre les impacts du RGA.

En savoir plus sur le projet REMED RGA



Le Projet MACH+ du Cerema

En avril 2025, nous avons rencontré Sakina Pen Point, Directrice de projets Adaptation des bâtiments au changement climatique au Cerema.

Le Cerema développe l’expérimentation MACH+ qui vise à automatiser leur première expérimentation MACH (MAison Confortée par Humidification). L’objectif : renforcer la résilience des maisons exposées au phénomène de RGA et prévenir l’apparition de fissures liées aux périodes de sécheresse.
 
Pour ce faire, le Cerema a développé un dispositif qui permet une réhumidification contrôlée du sol à proximité des fondations. Le principe repose sur la récupération des eaux de pluie qui sont stockées puis injectées manuellement (MACH) et à l’avenir automatiquement (MACH+) autour des fondations, lorsque les capteurs de succion du sol détectent des variations importantes. D’abord expérimenté sur une maison, l’objectif du Cerema est d’étendre et commercialiser la solution.
 
Le coût expérimental de la solution s’élève à 15 000 €. Elle apparaît aujourd’hui comme une solution de prévention au coût inférieur à de lourds travaux de réparation.

En savoir plus sur la solution MACH du Cerema
Retours utilisateurs-rices

Co-bénéfices

Co-bénéfices environnementaux :

  • Biodiversité
  • Sobriété en eau
  • Rafraîchissement urbain

Co-bénéfices autres :

  • Préservation du patrimoine bâti
  • Sécurité des habitants
  • Prévention des coût de réparation lourde.
Coûts

Étanchéifier le pourtour du bâtiment

Pour l'achat et l'installation d'une géomembrane, il faut compter entre 30 000 et 60 000 €, pose incluse. La création d’un pourtour étanche peut coûter de 12 000 à 13 000 €.

Adapter la végétation

Les prix d'un écran anti-racine couplé à une tranchée creusée débutent à partir de 2 000 € environ.

Évacuer les eaux pluviales

Le coût d'un dispositif de drainage périphérique peut varier entre 2 000 et 5 000 €.

Les aides financières

Aucune aide financière directe n’a été identifiée. Les indemnisations par les assurances ne sont disponibles qu’en cas de dommage constaté et signalé dans le cadre d’un arrêté CatNat – Sécheresse. Il est ainsi nécessaire de se renseigner auprès de sa mairie.

Complexité et contexte de mise en oeuvre

Se renseigner sur la vulnérabilité de son bâtiment

Avant toute chose, il est important de faire un diagnostic d’exposition de sa parcelle lorsque l’on souhaite végétaliser les environnements d’un bâtiment.

Pour connaître votre exposition au RGA vous pouvez consulter le site : www.georisques.gouv.fr
Pour connaître la vulnérabilité de votre bâtiment vous pouvez consulter le site : R4RE (Observatoire de l'Immobilier Durable).


Des solutions qui demandent des moyens importants

L’éloignement de la végétation arbustive et l’étanchéification du pourtour du bâtiment demandent des moyens de mise en œuvre important. 
La pose d’un écran anti-racine doit être posé profondément dans le sol. 

Par ailleurs, dans le cas d’actions de prévention et de stabilisation de l’humidité du sol, les solutions sont à la charge des particuliersÀ noter que les assurances ne prennent en charge que les travaux de réparation du bâti, et seulement dans le cadre d’un arrêté CatNat (agrafage, ravalement, renforcement des fondations).


Un phénomène encore méconnu 

La population et les maîtres d’œuvre ne sont pas encore assez informés et sensibilisés au sujet du RGA : un travail de sensibilisation via des conférences, des réunions publiques est à encourager pour prévenir au maximum les dommages. 

Prestataire(s)

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Ressources complémentaires


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