Végétaliser et élargir les fosses d’arbres  pour créer plus de services écosystémiques 

Les fosses d’arbres, dans lesquelles un ou plusieurs arbres sont plantés, sont particulièrement efficaces pour abattre les eaux pluviales et sont sources de fraîcheur en ville. Leurs bénéfices peuvent être améliorés en les élargissant et en les végétalisant.


Enjeux d'adaptation
Les fosses d’arbres et les espaces entre les arbres peuvent être conçus comme des espaces perméables pour y infiltrer les eaux de ruissellement, et ainsi éviter de saturer les réseaux d’assainissement en cas de fortes pluies. De plus, une bonne conception et un entretien adapté peuvent améliorer le développement des arbres, qui contribuent à apporter de l’ombre en ville. Végétaliser les pieds d’arbres contribue aussi à rafraîchir l’espace public via le phénomène d’évapotranspiration.
Points forts
  • Intégration dans les espaces existants de l’aménagement
  • Faible coût
  • Traitement de la pollution chronique (si présence de strate végétalisée)
  • Services écologiques multiples
  • Robustesse
Fosses d'arbre végétalisées à Neuilly-sur-Seine (92) - © AdaptaVille (Marin Pugnat)
Fosses d'arbre végétalisées continues à Neuilly-sur-Seine (92) - © AdaptaVille (Marin Pugnat)
Description de la solution
Domaine d'application : Espace public

Les fosses d’arbres désignent l’espace en pleine terre, sur un trottoir, dans lequel un ou plusieurs arbres sont plantés. Elles sont alimentées en eau par ruissellement direct ou par caniveau si la pente est adaptée. L’eau de pluie s’y infiltre à travers la surface en terre, gravillon, strate végétalisée basse ou résine drainante. Il s’agit de l’un des procédés d’abattement des eaux pluviales les plus efficaces. Dans la palette végétale, les arbres adultes sont les plantes qui ont le plus grand besoin en eau.

Mettre en place des fosses plus grandes, voire continues

Une surface et un volume plus grand augmente le volume d’eau de pluie infiltrée, favorise le développement racinaire et offre davantage de possibilités de végétalisation du pied d’arbre.

A Paris, la taille standard d’une fosse enterrée est de 3 m sur 3 m et 1 m 40 de profondeur. La surface visible, sur un cercle d’environ un mètre de rayon ou un carré d’1 mètre 40 de côté, laisse voir le pied d’arbre.

Des fosses continues, dans laquelle plusieurs arbres sont plantés, permettent d’augmenter encore ces gains grâce à l’exploitation de l'espace entre les arbres. Il est possible de relier les fosses entre elles sous les trottoirs, par le sol structural (un mélange terre-pierre), ce qui permet de limiter les dégradations de chaussées liées aux racines et d’étendre le développement racinaire de l’arbre sur toute la longueur de la rue. Il est en effet important de laisser de la place au développement racinaire.

Les réseaux souterrains peuvent néanmoins restreindre ou empêcher ce dispositif. A Paris, il est par exemple interdit de faire passer un réseau souterrain à moins de 2 m des racines l’arbre. Une dérogation peut réduire cette distance à 1 m 50 si une protection racinaire est installée. 

Choisir les bonnes essences d’arbre

En cas de nouvelle plantation, plusieurs critères sont à prendre en compte dans le choix des essences d’arbre :

  • Leur résistance aux variations hydriques
  • Leur résistance aux variations climatiques (chaleurs, gel)
  • La résistance aux pollutions chroniques (salage de voirie…)
  • Leur risque de tomber ou de perdre des branches
  • La perméabilité et de la capacité de drainage du sous-sol
  • Leur potentiel rafraîchissant
  • Les pathologies, comme les chancres du hêtre et du platane, sont également à prendre en compte dans le choix des essences, l’orientant vers des espèces plus résistantes et diversifiées.
  • Leur origine (espèces indigènes favorisées pour entretenir la biodiversité de la faune parisienne)
  • Leur aspect esthétique

Les projets SESAME et ARBOCLIMAT visent à éclairer ces choix, au regard des services écosystémiques qu’ils rendent et de leur adaptation au climat actuel et futur.

Protéger les pieds d’arbre des intrusions et de la pollution

Le piétinement de la fosse est un souci majeur pour l’arbre car il empêche l’aération de la terre en la tassant, et les intrusions endommagent la végétation éventuelle. Il est donc recommandé de rendre la surface visible de la fosse inaccessible. Pour empêcher que les chiens ne dégradent les arbres (urine, morsures…), un corset métallique peut être installé, ou un entourage autour de la fosse. Ces protections ne doivent toutefois pas entraver le ruissellement des eaux pluviales vers les fosses. Pour éviter les pollutions, les fosses ne recueillent pas les eaux des chaussées empruntés. La pollution chronique n’a alors que peu d’impact sur les arbres, choisis pour y résister. Pour éviter l’accumulation de déchets, une grille peut être nécessaire.

Perméabiliser voire végétaliser la surface de la fosse

La surface des fosses d’arbres doit être soit végétalisée, soit recouverte d’un revêtement poreux (terre, gravillon, résine drainante, pavés enherbés…).

La végétalisation des fosses présente plusieurs intérêts :

  • Elle améliore l’absorption et l’infiltration des eaux de pluie
  • Elle améliore la qualité de la terre et favorise la vie sous-terraine
  • Elle réduit l’accès à la fosse et donc son piétinement
  • Elle augmente l’effet rafraichissant par évapotranspiration
  • Elle améliore l’aspect visuel

La végétation doit néanmoins avoir la place de se développer – au moins 2 m autour du tronc. Puisqu’elle entre en concurrence avec l’arbre, il est important de s’assurer que l’eau qui ruisselle à son pied est suffisante. La présence de l’arbre, l’âge et son système racinaire limitent la palette végétale. Son ombre crée des conditions d’exposition au soleil particulières, à prendre en compte dans le choix des plantes. De plus, si le pied d’arbre est trop exposé au piétinement, il est préférable d’opter pour des revêtements perméables.

A noter qu’il est impossible d’anticiper parfaitement l’évolution de la végétation dans le temps, certaines plantes risquent de prendre le pas sur d’autres, tandis que d’autres ne survivent pas pour plusieurs raisons (hiver trop sec ou humide, composition du sol à un endroit précis…). Il est donc recommandé de s’adapter à cette évolution en acceptant de faire évoluer la palette végétale plutôt que de replanter à l’identique lorsqu’une plante périclite.

Expérimentation de la solution

Retours utilisateurs-rices

Cette fiche a été réalisée grâce aux retours de Sylvain Montesinos du service des arbres et des bois de la Ville de Paris, de Nadège Rodary et Laurent Beuf du service de l'exploitation des jardins de la Ville de Paris, d'Alexandre Nezeys de la direction de la propreté et de l'eau de la Ville de Paris, et de Rachelle Marsat du service des espaces verts de la ville de Neuilly-sur-Seine.

Co-bénéfices

Co-bénéfices environnementaux :

  • Biodiversité
  • Absorption du CO2
  • Purification de l’air

Co-bénéfices autres :

Coûts
Coût d’installation : 750 €HT à 1500 €HT selon la taille de l’arbre.
 
Coût moyen d’exploitation d’une fosse et d’un arbre : 25 €HT/arbre/an.

Complexité et contexte de mise en oeuvre

Une emprise foncière réduite

Ces aménagements sont adaptés aux espaces privés comme publics, y compris les espaces publics denses car ils ne nécessitent que des emprises réduites (fosses d’arbres existants, bande fonctionnelle de trottoir) et contribuent à réalimenter en eau les arbres de l’espace urbain.

Arrosage et entretien

Pendant les trois premières années, l’arbre est arrosé pour l’aider à s’implanter. Cette période est critique car sa transplantation entraîne un traumatisme. Une année particulièrement sèche et des dégradations importantes peuvent mettre en danger son développement. Il faut adapter l’arrosage aux besoins de la plante, en anticipant les précipitations à venir.

Pour assurer un arrosage régulier, il est conseillé d’installer un arrosage automatique si cela est possible. En effet, les besoins sont plus importants en été, période où les effectifs sont généralement les plus réduits. Des fosses très espacées peuvent néanmoins nécessiter de très grands linéaires de réseaux, qui font exploser le coût de l’arrosage automatique.

Tailler les arbres peut être nécessaire pour faire cohabiter l’arbre avec son environnement ou pour des raisons de sécurité (branches mortes), mais cela ne profite pas au développement de l’arbre. Au(delà, l’entretien nécessaire est assez limité (ramassage des déchets, taille occasionnelle), hors certains revêtements perméables spécifiques.

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