Rafraîchir nos villes : aperçu des initiatives mises en place cet été


Cet été 2025 est le troisième plus chaud jamais enregistré en France depuis le début du XXe siècle. Deux importantes vagues de chaleur avec des températures maximales à plus de 40°C dans plusieurs grandes villes ont marqué l'été, ainsi qu’un mois de juin particulièrement chaud avec une anomalie thermique de +3,3°C, devenant le deuxième le plus chaud en France derrière celui de 2003. Face à ces conditions, les villes mettent en place des solutions pour rendre vivable l’espace urbain.
[article publié le 18 septembre 2025]

En France, le niveau 1 du Plan Canicule national est activé à partir du 1er juin et jusqu’au 15 septembre. Ses objectifs sont d’informer et prévenir les risques liés aux vagues de chaleur, notamment pour protéger les plus vulnérables et les plus exposés à la chaleur. Durant cette période, Météo-France établit une vigilance météorologique quotidienne, par département, permettant d’adapter la réponse sanitaire en fonction des risques.

en savoir plus sur le bilan climatique de l'été 2025 par meteo-france

Les villes sont des acteurs clés pour mettre en place des solutions permettant à la population de mieux faire face aux fortes chaleurs. Comme chaque année, AdaptaVille vous présente un panorama des initiatives mises en place sur le territoire :


À Paris, la Seine rouvre à la baignade et les îlots de fraîcheur se multiplient

Alors que la baignade dans la Seine était interdite depuis 1923, les Parisiennes et Parisiens peuvent à nouveau profiter, depuis le 5 juillet, d’espaces de baignade gratuits et sécurisés au bras Marie, au bras de Grenelle ainsi qu’au quai de Bercy. Ces zones sont accessibles aux personnes à mobilité réduite (sauf à Bercy, où seul le solarium l’est), et offrent des lieux de détente, de rafraîchissement et de loisir.

Héritage direct des Jeux de Paris 2024, cette réouverture de la Seine à la baignade a été rendue possible grâce à de nombreux aménagements hydrauliques découlant d’un plan de dépollution de 1,4 milliards d’euros. Parmi eux, la construction de l’immense bassin de stockage d’Austerlitz de 50 000 m3, qui permet de retenir les eaux usées en cas de fortes pluies afin de maîtriser la pollution du fleuve.

Pour en savoir plus sur la baignade dans la Seine



Les ombrières de la place Henri Frenay -
© Ville de Paris – Alexandre Reynaud

La ville référence également plus de 1 400 îlots de fraîcheur, représentés sur une carte interactive.


15 000 arbres ont également pu être plantés par la ville cet hiver, contribuant à lutter contre les îlots de chaleur urbain, et une centaine de rues aux écoles végétalisées ont pu voir le jour pour cet été. 


Enfin, la municipalité a équipé 21 sites publics d’ombrières, dont 14 déployés cette année avec des modèles innovants, comme sur la Place Henri Frenay en face de la gare de Lyon ou sur le quai d’Austerlitz.


Pour en savoir plus sur les dispositifs mis en place par Paris


Lyon mise sur son réseau collectif de froid souterrain pour s’adapter aux fortes chaleurs

À Lyon, l’adaptation face aux canicules passe par une innovation technique de taille : le réseau de froid collectif souterrain du quartier de la Part-Dieu. Situé à près de 13 mètres sous terre, ce dispositif capte la fraîcheur naturelle de l’eau du sous-sol pour la redistribuer à travers un réseau de canalisations qui alimente plus de 100 organismes abonnés, principalement des bureaux et des centres commerciaux du quartier.
 
L’objectif de cette technologie est de limiter le recours aux climatiseurs individuels, très énergivores. Selon la Métropole de Lyon, le réseau de froid consomme 2 fois moins d’électricité qu’une climatisation classique, tout en garantissant le même confort. 

D’ici 2028, le réseau doit doubler sa capacité, et à terme, permettre d’alimenter 1,5 millions de m2 dans le quartier de la Part-Dieu.

Exemple de centrale de production alimentant un réseau de froid urbain - © Agence Parisienne du Climat

Pour en savoir plus sur le réseau de froid urbain de la Part-Dieu


À noter aussi, les travaux et l’inauguration de la Grande rue de la GuillotièreD’une longueur de 1 450 m, cette rue autrefois très minéralisée bénéficie désormais de 1 700 m2 d’espaces verts et plus de 70 arbres plantés qui ont apporté ombre et fraîcheur durant l’été. 

La création de quatre placettes aménagées et végétalisées et l’élargissement du trottoir sur plus de 2 000 m2 permettent également de rendre cet espace plus agréable et sécurisé pour les habitantes et habitants du quartier. Le coût de ce projet d’aménagement s’est élevé à 2,8 millions d’euros.


Fort-de-France profite de ses jardins partagés

La ville de Fort-de-France en Martinique a lancé en 2021 « Jaden Lanmou », un projet de réhabilitation de friches urbaines en jardins partagés, avec des associations et des conseils citoyens.
 
Des jardins partagés expérimentaux sont ainsi mis en place sur des délaissés urbains ou dents creuses - les espaces non construits entourés de parcelles bâties - du quartier des Terres Sainville, quartier prioritaire de la politique de la ville de Fort-de-France.

Ces « Jardins d’amour » offrent aux habitants des lieux de vie partagés où cultiver leur parcelle, transmettre des savoir-faire et récolter leurs propres fruits et légumesPensés comme de véritables leviers d’adaptation au changement climatique, ces jardins contribuent à la diminution de la pollution de l’air, à la gestion des eaux pluviales et à la création d’îlots de fraîcheur.
 
En 2025, une dizaine de sites sont entretenus, enrichissant ce projet social et environnemental mené par la ville de Fort-de-France, le conseil citoyen ainsi que plusieurs associations dont l’association Ypiranga et le Domaine de la Chabet.

À terme, le projet pourrait être dupliqué dans les 145 quartiers que compte la commune.

Jardin partagé implanté sur une dent creuse à Fort-de-France - © Association CCPYPM



Le mois de la fraîcheur est de retour à Grenoble

L’adaptation à la hausse des températures passe par une pluralité d’actions à Grenoble. 

Durant tout le mois de juin, la Métropole a organisé pour la deuxième fois consécutive le « Mois de la Fraîcheur », un programme d’ateliers, de balades et de conférences pour découvrir comment s’adapter aux périodes de chaleur de plus en plus fortes et longues et mieux vivre les étés de demain.

En parallèle, le plan « Fontaines » a également permis de rénover plusieurs points de rafraîchissement, notamment le bassin historique de la place Victor Hugo, ainsi que la mise et remise en service de fontaines publiques et brumisateurs fixes ou mobiles dans les différents quartiers.

Exemple de brumisateur pouvant être mis en place pour rafraîchir la ville l'été - © Agence Parisienne du Climat

Sur le plus long terme, le plan Canopée adopté en 2022 vise à développer et renforcer la couverture végétale de la ville et réduire l’artificialisation des sols en les désimperméabilisant et renaturant. 

Le dispositif Mur Mur quant à lui favorise le financement de l’isolation thermique pour les particuliers. L’isolation, surtout en rénovation, constitue en effet l’un des piliers essentiels pour garantir un confort thermique au sein du bâti, avec la réduction des apports solaires et la ventilation (Ademe, 2023). Au-delà de la question du confort, l’adaptation des bâtiments à la chaleur est une question d’habitabilité estivale et un enjeu sanitaire majeur.


À Rennes, un parc naturel de 30 hectares au cœur de la ville

Les prairies Saint-Martin, à seulement une centaine de mètre du centre-ville, illustrent l’adaptation de la ville dense au réchauffement climatique.
 
Situés entre le canal de l’Ille-et-Rance et un de ses bras naturel, ces 30 hectares de nature, jardins et espaces de loisirs permettent aux Rennaises et Rennais de vivre un été épanouissant au sein de cet immense îlot de fraîcheur. 

Plus de 1 000 arbres ont été plantés depuis le début du projet, tandis qu’une zone humide protégée et fermée au public est restaurée, favorisant un développement sauvage de la faune et la flore ainsi que la régulation des crues du canal lors de débordements.
 
Inauguré en 2019, ce projet de reconversion en parc naturel a entamé sa dernière phase d’aménagements le long du canal qui devrait se terminer l’année prochaine. 

Zone humide des prairies Saint-Martin de Rennes - © Hoolen — Travail personnel, CC BY-SA 4.0



Préparer la France à +4°C en 2100

En parallèle de ces solutions mises en place sur les territoires, un regard se porte également sur le troisième plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC 3), lancé par le gouvernement en mars 2025. 

Ce document à destination des acteurs du territoire présente 52 mesures pour préparer une France à +4°C en 2100, projection établie à partir du scénario tendanciel selon les travaux du GIEC, et qui sert de référence pour les actions d’adaptation. 

Chaque mesure présente des actions menées et à mener. Parmi celles-ci, plusieurs se concentrent sur l’adaptation des villes en mettant l’accent sur l’enjeu de renaturation des espaces urbains et de solutions fondées sur la nature.

Un article dédié au PNACC 3 est disponible sur le site de l'Agence Parisienne du Climat !

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