Un an après les JOP de Paris, découvrez le Village des Athlètes, un quartier pensé pour s'adapter aux fortes chaleurs

En juillet 2025, un an après les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, l’Agence Parisienne du Climat a organisé une visite de l’ancien Village des Athlètes dans le cadre du dispositif AdaptaVille. Pensé dès sa conception en mode « Héritage », ce nouveau quartier répond à des ambitions environnementales et sociales fortes. Découvrez les solutions mises en place pour l’adapter au changement climatique.
De multiples acteurs ont été mobilisés avec la SOLIDEO pour participer à faire de ce lieu un projet environnementalement ambitieux, tant par sa faible empreinte carbone que par son adaptation au changement climatique. C’est notamment le cas des entreprises ICADE, Alkern et Vertuo, qui nous ont présenté les projets mis en œuvre : des logements construits pour le climat de 2050, un îlot végétalisé pensé pour accueillir la biodiversité, une rue combinant plusieurs solutions pour gérer les eaux pluviales. Retour sur ce que nous avons vu.

Le réaménagement de la rue Ampère : la nouvelle rue CoolGround au sein du Village des Athlètes

Dans le cadre de la conception du Village des Athlètes à Saint-Denis, la rue Ampère a été réaménagée et pensée sous le prisme de l’adaptation au changement climatique.

Financée par la SOLIDEO, elle est le fruit de la collaboration entre quatre entreprises - Alkern, Vertuo, Seureca et Emulithe -, qui ont œuvré ensemble à la création d’une rue avec une gestion intégrée des eaux pluviales. Combinaison de multiples solutions d’adaptation, la nouvelle rue Ampère a été livrée en juin 2024. 

© Agence Parisienne du Climat

Les pavés coquillage : un revêtement évapotranspirant issu de l’économie circulaire


Lors de la visite, Éric COLMAR, prescripteur chez Alkern, nous a présenté le revêtement en pavés coquillages installé sur 299m2 de trottoir le long du Collège Dora Maar. Ces pavés sont issus de la revalorisation de coquilles Saint-Jacques récoltées à Dieppe et à Boulogne-sur-Mer, puis transformées à Compiègne. En 2024, l’entreprise a permis le recyclage de 950 tonnes de coquilles Saint-Jacques.
 
Pour former les pavés, les coquillages sont mélangés pendant 10 mois afin d’éliminer toute matière organique. Ils sont ensuite broyés et remplacent le sable traditionnellement utilisé dans la fabrication des pavés en béton. Leur atout ? Leur porosité : moins pressés que les pavés classiques, ils favorisent le drainage des eaux pluviales. 
 
Toutefois, dans le projet de la rue Ampère, ces pavés coquillages ont une particularité supplémentaire : ils sont évapotranspirants

Mais comment ça fonctionne ? Contrairement aux pavés coquillages classiques qui drainent les eaux de ruissellement par le dessus, ces pavés évapotranspirent également l’eau qui se trouve sous leur surface. Pour ce faire, les pavés sont humidifiés par le dessous grâce à un système de serpentins alimentés par les eaux pluviales de la voirie, elles-mêmes récupérées et stockées dans une chaussée réservoir d’une capacité de 400 mètres cubes. Lorsqu’il fait chaud, les serpentins sont activés par la station météo de l’entreprise SEURECA (Veolia), équipée de deux sondes qui mesurent les températures et l’hygrométrie de la rue. Ce système permet ainsi de diffuser l’eau sous le revêtement et d’abattre les températures de surface.
 
CONSULTER LA FICHE ADAPTAVILLE sur les pavés coquillages
 
 

Une jardinière autonome et intelligente

 
En complément de cet aménagement, l’entreprise Vertuo a installé une bande végétalisée autonome entre la voirie et la piste cyclable. Les jardinières sont alimentées par les eaux de pluie et ne nécessitent aucun arrosage supplémentaire.
 
Comment ça fonctionne ? Baptiste LAURENT, président et fondateur de Vertuo, nous a présenté ces modules qui :

  • récupèrent les eaux de ruissellement de la piste cyclable,
  • les stockent dans un réservoir d’une capacité de 600 litres,
  • et alimentent la végétation par remontée capillaire.
© Agence Parisienne du Climat
Ils doivent permettre une autonomie maximale de 90 jours en période de sécheresse, calculée selon des simulations de pluies locales.
 
Coté végétation, la flore choisie est endémique, reprenant des essences locales. Les espèces varient, formant plusieurs strates : muscinale, herbacée et arbustive. L’association de vivaces, subsistant plusieurs années, avec des graminées et des bulbes, garantit la présence d’une ressource florale étalée sur plusieurs mois, de mars à novembre. 
In fine, la plantation de végétaux locaux et diversifiés offre des habitats pour la faune, favorise la multiplicité des interactions écologiques, tout comme la résistance aux aléas.
 




 
 
© Agence Parisienne du Climat
Ce système de jardinières assure également un traitement naturel des eaux pluviales grâce à l’installation d’une couche filtrante contenant des enzymes se développant en milieu humide et filtrant les polluants comme les hydrocarbures.

Enfin, un système de surverse intégré a été ajouté afin d’éviter les débordements sur la piste cyclable. En cas d’excédent, l’eau est ainsi redirigée vers le réseau d’assainissement situé en aval.
 
Lors de la visite, Baptiste LAURENT a souligné que les jardinières Vertuo ne cherchent pas à remplacer la pleine terre, mais à offrir une solution complémentaire dans les milieux urbains limités par des contraintes de sous-sol, notamment à cause de la présence de réseaux.






consulter la fiche AdaptaVille sur les modules Vertuo 


« Les Quinconces » : un quartier post-JO pensé pour le climat de demain

 © Agence Parisienne du Climat
D’abord lieu d’hébergement temporaire pour les athlètes olympiques et paralympiques à l’été 2024, le projet des « Quinconces » entame aujourd’hui sa reconversion en tant que nouveau quartier pérenne de Saint-Ouen. Porté par Icade, la Caisse des Dépôts et CDC Habitat, il a été conçu par six architectes pour être réversible et accessible, mais surtout pousser loin le curseur en matière d’économie circulaire, d’atténuation et d’adaptation au changement climatique.
 
Avec ses 643 logements bioclimatiques et son cœur d’îlot végétalisé de 3 000 m², le quartier des « Quinconces » rassemble une mosaïque de solutions pour conserver l’habitabilité des lieux même en cas de fortes chaleurs. Il suffit de pousser la porte des premiers logements pour les dévoiler.

 



 

Logements bioclimatiques : confort et fraîcheur sans climatisation


Alors que nous pénétrons dans l’un des appartements, Florence CHAHID NOURAI, Directrice de la performance durable et de l’expérience client chez Icade Promotion nous révèle l'un des défis majeurs du chantier : assurer le confort d’été des habitants sans climatisation, avec un objectif de 6 degrés d’écart entre intérieur et extérieur.

Pour y parvenir, les architectes ont déployé différentes solutions face aux rayonnements. Les brise-soleils inclinables, volets et persiennes filtrent la lumière, tandis que les balcons en façade s’avancent comme des casquettes. Les vitrages sont dimensionnés avec précision pour limiter la surchauffe.
 
Pour l’isolation, de la laine de bois. Le biosourcé a été privilégié afin de réduire au maximum l’empreinte carbone du projet.
 
Consulter la fiche AdaptaVille sur les isolants biosourcés  


© Agence Parisienne du Climat
L’implantation du quartier participe aussi à la stratégie bioclimatique : le jeu de hauteurs maximise l’ensoleillement hivernal, tandis que le positionnement en quinconces – qui donne son nom au projet – favorise à la fois la circulation naturelle des vents venus de la Seine et la double orientation des logements, permettant une ventilation naturelle efficace.

 
Elle est complétée par un rafraîchissement passif : un plancher relié à une centrale géothermique diffuse la fraîcheur par le sol.







 

De la végétation au cœur des Quinconces

 
Une fois sortis des logis, le cœur d’îlot nous accueille avec une véritable « forêt fraîche » de 3 000 m². L’ombre des arbres s’étire pour protéger les bâtiments, tandis que l’évapotranspiration des plantes contribue à limiter le phénomène d’îlot de chaleur urbain.
 
© Agence Parisienne du Climat
Les paysagistes de TN+ ont conçu cet espace comme un milieu naturel reconstitué : reliefs, rochers, bois morts, et une végétation à plusieurs strates. L’ensemble se déploie en trois étages : un « cœur de forêt » à l’image d’un sous-bois, des « lisières en balcon » sur les toitures basses entre les plots, et des « prairies » installées sur certaines toitures-terrasses.
 
La palette végétale recrée les paysages franciliens : bois et lisières du bord de fleuve au sol, prairies des coteaux pour les terrasses. Les essences choisies, issues du bassin parisien ou du sud de la France, ont aussi été pensées pour résister au réchauffement et aux épisodes de sécheresse.
 
Au pied de cette végétation, une petite mare éphémère se forme après la pluie. Alimentée par les eaux des toitures, elle crée un milieu humide où les animaux trouvent refuge.
 
Tout est pensé dans une logique de réemploi : les mobiliers de jardin, comme la terre elle-même. Celle-ci est un technosol, recomposé à partir de terres excavées et renourries, recréant un substrat fertile de pleine terre.

 
Consulter la fiche Adaptaville sur les substrats issus de l’économie circulaire


Plus loin, une aire de jeux attire le regard, mais c’est surtout la végétalisation continue avec les autres bâtiments du Village qui marque les esprits. Cette perméabilité permet aux animaux de circuler librement entre espaces privés et publics, renforçant la continuité écologique. Avec l’appui d’un écologue, un plan de gestion différenciée a été établi : pas de produits phytosanitaires, interventions humaines limitées pour favoriser le laisser-pousser, suivi régulier de la faune et de la flore. L’ensemble a obtenu la labellisation BiodiverCity. Enfin, une Obligation Réelle Environnementale (ORE) engage les copropriétaires à maintenir cette gestion écologique pendant 25 ans, y compris en cas de revente.
 
La visite s’achève au sommet du bâtiment. D’ici, le regard embrasse les toits : certains accueillent des panneaux photovoltaïques, d’autres s’habillent d’un couvert végétal.
 
© Agence Parisienne du Climat

L’Agence Parisienne du Climat remercie à nouveau vivement les intervenants de nous avoir présenté les projets réalisés sur l’ancien Village des athlètes des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris lors des visites AdaptaVille.
 
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