Qu'est-ce qu'un jardin de pluie ?
Domaine d'application :
Espace public, Bâtiments
Un jardin de pluie est un micro-jardin décaissé, de préférence en pleine terre, approvisionné en eau grâce au ruissellement des eaux pluviales. Il peut prendre différentes formes, les
noues urbaines et les
fosses d’arbre sont des déclinaisons de ce principe.
Ce type de jardin est réalisable par les particuliers. Il est néanmoins intéressant de prendre contact avec des experts, des paysagistes ou des entreprises spécialisées dans le domaine pour concevoir le projet, ou même le réaliser. Notamment pour vérifier la faisabilité de l’aménagement et éviter de dégrader d’autres infrastructures.
Comment concevoir un jardin de pluie ?
Bien choisir son emplacement
Il doit être implanté en prenant en compte les pentes naturelles pour l’abreuver en eau de pluie. Sur une large zone, il est préférable de créer plusieurs petits jardins plutôt qu’une grande surface au centre.
La conception doit lui permettre d’être alimenté par les eaux pluviales. Deux options existent :
- Soit en faisant ruisseler l’eau directement dans le jardin, en utilisant les pentes existantes ou via un réseau de collecte des avaloirs de voirie ou des gouttières. Il doit alors être décaissé.
- Soit en la faisant ruisseler sur un revêtement poreux autour du jardin dans une réserve d’eau (en graves) sous le substrat, qui alimentera la végétation par capillarité. A noter que le revêtement est moins efficace que la végétation pour filtrer les eaux polluées, cette méthode n’est donc pas recommandée pour abattre les eaux de la chaussée.
Bien dimensionner le jardin
L’objectif d’abattement des eaux pluviales, le type de sol, la surface de l’impluvium (sur laquelle tombe l’eau de pluie qui va ruisseler vers le jardin) et la proximité des habitations vont déterminer le choix du décaissement et des dimensions d’un jardin de pluie. L’objectif est d’infiltrer la plus grande quantité d’eaux pluviales possibles sans recourir à l’arrosage, en évitant des apports trop ou pas assez importants.
Pour le décaissement :
- Son volume doit être du même ordre de grandeur que le volume à abattre, pour éviter les débordements
- Il peut être ajusté en fonction de la perméabilité du sol (un sol très perméable nécessite un décaissement moins important)
- Si le jardin est situé à moins de 10 m d’une construction existante, il est conseillé de ne pas dépasser 20 cm de décaissement pour éviter les craintes liées à l’infiltration d’eau dans les sous-sols. En conséquence, il conviendra de limiter le ratio de concentration pour l’adapter à la profondeur de 20 cm.
- De manière générale, il ne doit pas dépasser 40 cm pour des raisons de sécurité (ou alors être rendu inaccessible)
- Si le décaissement pose un problème, une couche sous le substrat peut être implantée pour stocker l’eau (en gravier par exemple) à la place
Pour les dimensions du jardin :
- Sa surface doit être suffisante pour éviter une trop forte concentration des eaux incidentes, une percolation (passage de l’eau dans le substrat et le sous-sol) trop rapide, et des débordements fréquents.
- Il est conseillé de respecter un ratio surface d’impluvium / surface de jardin de pluie (R) donné par le tableau ci-dessous.
- Si ce ratio est trop élevé, la végétation devra être densifiée et choisie pour supporter des sols humides ou détrempées, ou un système d’évacuation du trop-plein d’eau installé.
Composition du substrat d'un jardin de pluie
L’épaisseur du substrat, naturel ou reconstitué, peut varier de 30 à 60 cm. Il se décompose ainsi :
- Une couche supérieure de terre végétale
- Une couche intermédiaire de sable
- En cas de sol peu perméable, une couche inférieure qui assure le drainage et un stockage complémentaire avant infiltration (en graviers par exemple)
Si l'intérêt d'un jardin de pluie réside dans sa capacité à infiltrer l'eau à la parcelle, il n'est néanmoins pas toujours possible d’infiltrer l’eau dans le sol, parce que cela ferait courir un risque pour des constructions avoisinantes ou polluerait une nappe, le jardin peut être rendu étanche grâce à une couche (géomembrane, béton ou argile) entre le substrat et le sol. La couche de graves est alors nécessaire. Le surplus doit être évacué via un trop-plein vers le réseau d’assainissement ou un autre dispositif de gestion des eaux pluviales en cas de fortes précipitations.
A noter que le développement racinaire dans le substrat donne au sol sa capacité d’absorption de la pluie. Il est donc possible de réaliser un jardin en pleine terre même sile sol est imperméable.
Création d'une zone humide
Dans certains cas il est envisageable de créer une zone humide au cœur du jardin de pluie, en étanchéifiant un de des points bas, dans laquelle il sera possible de cultiver des plantes aquatiques ou des hélophytes. Les zones humides offrent des services écosystémiques plus importantes (stockage et épuration d’eau, captage du CO2, hébergement de la biodiversité animale).
Choisir les plantes appropriées
Le choix des essences initiales dépend :
- du ratio surface de l’impluvium / surface du jardin : plus il est élevé, plus il réduit la palette à disposition en imposant des plantes adaptées à plusieurs sols
- de leur résistance aux variations hydriques : les plantes doivent être capables de supporter occasionnellement un grand apport d’eau, mais aussi à des conditions plus sèches, ainsi les plantes aquatiques survivent mal
- de la perméabilité et de la capacité de drainage du sous-sol.
Il est conseillé de diversifier les espèces et de favoriser les plantes indigènes, naturellement adaptées au climat local.
La palette pourra être ajustée a posteriori : selon les spécificités de l’aménagement, certaines espèces se seront mieux développées que d’autres, des espèces invasives seront apparues, et le jardinier pourra en favoriser certaines ou au contraire laisser faire la nature.
Pour éviter que le point bas ne devienne une mare de boue, il est conseillé de densifier cette zone avec plusieurs strates. Si le jardin est soumis à des pollutions chroniques particulière (le salage par exemple), il convient de choisir des espèces plus résistantes.
Bien anticiper l'arrivée d'eau
Pour éviter la formation de flaques, et laisser le temps au substrat de filtrer l’eau, il est recommandé d’implanter au niveau de l’arrivée d’eau des galets ou une végétation dense, afin de rendre l’engouffrement le plus diffus possible. L’alimentation en eau ne nécessite en général pas de traitement particulier. Dans certains cas, une grille peut être nécessaire pour éviter l’accumulation de déchets solides. Encas de débordement, l’excédent d’eau doit pouvoir ruisseler hors du jardin, via un trop plein si besoin.
Protéger l'aménagement des intrusions
Le piétinement de ces espaces provoque un tassement qui met en péril la survie des plantes. La fréquentation par les chiens peut faire péricliter la végétation (dégâts physiques, déjections). C’est pourquoi, pour des questions de pérennité et de sécurité, des protections sont parfois nécessaires, en fonction du flux de piéton·nes et des places de stationnement le long de ces espaces. Une hauteur de 30 cm est relativement dissuasive pour limiter le piétinement.