Installer des brumisateurs en ville

Les brumisateurs se développent progressivement dans l’espace urbain. Pouvant être pilotés à distance, ludiques et couplés avec d’autres aménagements, ces installations constituent une solution efficace pour améliorer le confort thermique des usagers lors de fortes chaleurs.


Enjeux d'adaptation

Diminuer la température ressentie par le corps

En période de fortes chaleurs, la température ressentie peut devenir très élevée, en particulier lorsque l’air est humide, car l’évaporation de la sueur est réduite. Il est nécessaire de limiter les effets de la chaleur sur l’organisme, notamment les coups de chaleur et la déshydratation.

Les brumisateurs présents dans l’espace public permettent de rafraîchir les usagers. L’eau pulvérisée refroidit la peau par contact direct si elle est plus froide que le corps, favorise les échanges thermiques avec l’air par convection, et absorbe de l’énergie thermique (la chaleur) en s’évaporant dans l’air ou sur la peau, comme le mécanisme de la sueur.
Points forts

Un dispositif efficace et diversifié

  • Large variété de dispositifs existant
  • Ludiques et appréciés par les usagers, notamment les enfants
  • Facilité d’installation
  • Effet ressenti immédiat
Brumisateur Square du jeu de Boules de Saint-Mandé (75 012) - © Agence Parisienne du Climat
Contre la chaleur, une solution de brumisation urbaine installée sur les lampadaires d'un jardin - ©  Agence Parisienne du Climat
Description de la solution
Domaine d'application : Espace public

Pourquoi s’intéresser aux brumisateurs ?

À l’horizon 2050, le réchauffement moyen en France s’élèverait à +2,7°C par rapport à 1900, tandis que 5 fois plus de jours de vague de chaleur sont à prévoir, selon les projections climatiques (Météo-France).

Dans le cadre de l’adaptation des villes aux fortes chaleurs, l’utilisation de brumisateurs se démocratise dans les espaces publics. S’intégrant au paysage urbain, ces aménagements permettent à la population et notamment aux plus vulnérables de se rafraîchir, en abaissant la température de l’air ainsi que la température ressentie, par la diffusion de fines gouttelettes d’eau sous forme de brume diffusées généralement par jet à haute pression.

Le déploiement de brumisateurs représente un levier d’adaptation rapide à mettre en œuvre face aux effets actuels et futurs du changement climatique.


Effets sur le rafraichissement


Le projet VISION, porté par L’Eau de Bordeaux Métropole, détaille une multitude de solutions de rafraîchissement basées sur l’eau en ville, et propose une évaluation de l’impact des brumisateurs à partir de mesures effectuées sur deux dispositifs installés à l'été 2019 à Bordeaux.

Les résultats mettent en lumière une efficacité maximale à moins d’un mètre, avec une baisse de température de l’air de 8 à 10°C et une augmentation marquée de l’humidité relative qui est multipliée environ par 2,5.

Jusqu’à 5 mètres, les effets restent notables mais diminuent avec la distance. Au-delà de ce rayon, l’impact du brumisateur devient imperceptible.

Cette limite s’explique par la contrainte de proximité avec le dispositif, et par le fait que le brumisateur agit principalement sur la température ressentie — difficile à mesurer — plutôt que sur la température de l'air.



Comment se caractérise un brumisateur ?

En général, un dispositif urbain brumisant est composé :

  • D’une pompe à moyenne ou haute pression (souvent autour de 50-70 bars), qui pousse l’eau vers des buses très fines ;
  • De tuyaux résistants à cette pression, souvent en acier inoxydable, avec filtration pour éviter l’obstruction des buses ;
  • De buses, avec un diamètre très petit (entre 0,10-0,30 mm) et produisant des micro-gouttelettes (5 à 30 microns) qui, en s’évaporant dans l’air ou au contact de la peau, absorbent respectivement la chaleur ambiante de l’air ou celle à la surface du corps. Ces buses sont généralement situées à 2 à 3,5 m de hauteur ;
  • D’une armoire de brumisation reliée à un réseau d’eau potable et ayant une alimentation électrique permanente. L’armoire peut comprendre un compresseur qui permet d’envoyer de l’eau à haute pression aux buses situées sur des flexibles hydrauliques.

Une consommation d’eau modérée et pilotable

 
La consommation d’eau dépend essentiellement de l’usage, de la durée de fonctionnement et nombre de cycle associé, ainsi que du dimensionnement de l’ouvrage et de son nombre de buses.

Il existe ainsi un large spectre de valeur de consommation d'eau en fonction de l’aménagement et de son utilisation.

Celle-ci varie d'environs 50 L par jour pour les petites structures fonctionnant en intermittence, jusqu’à 100 L par jour en moyenne voire 250 L par jour pour des ensembles de dispositifs englobant tout un quartier. A titre de comparaison, un Français consomme en moyenne 150 L d’eau par jour.

Le projet VISION souligne que la brumisation est le système de rafraîchissement basée sur l'eau le plus efficace et le moins consommateur d’eau parmi les différents étudiés.

Les brumisateurs urbains fonctionnent généralement par programmation horaire, par pilotage à distance ou avec un capteur de température pour déclencher la brumisation uniquement quand il fait chaud, afin d’éviter les usages inutiles.

La plupart des systèmes sont raccordés au réseau électrique, et certains disposent de batteries.


Des dispositifs modulables

 
Ces dispositifs peuvent par ailleurs être couplés à d’autres aménagements, comme des voiles ou toiles d’ombrage.

Les brumisateurs s’intègrent facilement à tous types d’espaces, et peuvent prendre plusieurs formes, allant du kiosque interactif au portique, en fonction des produits, de la contrainte foncière et de l’usage souhaité.

En général, ils s’installent et se démontent facilement.


Un entretien à anticiper

 
L'entretien est à anticiper lors de l’achat d’un dispositif urbain brumisant, car un brumisateur peut facilement tomber en panne s’il est mal entretenu.

Un hivernage avant le mois de novembre est nécessaire afin d’éviter que le gel n’endommage la structure. De plus, la pompe et les autres éléments hydrauliques doivent être désinfectés au printemps.

La location de mobilier brumisant est une alternative qui permet d'éviter les contraintes d'entretien.

Retrouvez plus d’informations sur l'entretien dans la rubrique Complexité et contexte de mise en œuvre.

Expérimentation de la solution

Des brumisateurs installés sur les candélabres d’un jardin par la Ville de Paris

Dans le cadre du réaménagement du square Alban Satragne (10e arrondissement), la Direction de l’Environnement et des Espaces Verts (DEVE) de la Ville de Paris a souhaité trouver une solution permettant de rafraîchir l’aire de jeu, qui restait fortement ensoleillée et chaude l’été malgré la plantation d’arbres.

L’installation d’ombrières s’étant avérée complexe, une expérimentation de brumisation sur le site du square a été envisagée au printemps 2020 avec Evesa, alors chargée des installations d’éclairage pour la ville de Paris (depuis 2010 et pour 10 ans).

Evesa s’est par la suite associée à l’entreprise BRO, spécialisée dans les brumisateurs pour l’espace public, afin de proposer des brumisateurs dont les tuyaux qui intègrent les buses utilisent les candélabres comme support de fixation.

L’installation des brumisateurs à titre expérimental a débuté en 2020 sur les candélabres à proximité et a été pérennisée en 2021 grâce au budget participatif obtenu pour améliorer la résilience du square. L’installation s’est faite en un mois.

Ce système de brumisation s’enclenche en fonction de la température, ce qui évite le déclenchement intempestif de la brumisation. Ainsi, le dispositif expérimenté à l’été 2020 se déclenchait pendant 30 s toutes les 3 min, et était actif seulement entre 10 h et 19 h, lorsque la température était supérieure à 27 °C. Le pilotage s’effectue depuis l’armoire de commande. Un pilotage à distance n’a pas été souhaité.

Les flexibles hydrauliques sur lesquelles sont situées les buses sont posés à 3,5 m de hauteur entre 2 candélabres et les buses y sont espacées de 32 cm. 

Brumisateur au square Alban Satragne (75 010) - © Evesa

Ce dispositif ludique, positionné à proximité des assises, a été largement apprécié des enfants et parents. 

À l’été 2025, la capitale compte désormais 98 espaces verts équipés de brumisateurs, 15 aires de brumisation sur l’espace public, ainsi que 175 fontaines brumisantes (Ville de Paris).


Un projet financé grâce au budget participatif


L’expérimentation en 2020 a été prise en charge par Evesa. La pérennisation des travaux a quant à elle été rendue possible l’année suivante car la Mairie du 10e arrondissement a bénéficié d’un budget participatif de 50 000 € pour améliorer la résilience du jardin.

Les coûts sont fortement dépendants de la configuration du site qui dans le cas du square Alban Satragne était assez favorable. L’armoire de commande pour la brumisation a été placée à proximité d’un point d’eau potable et à quelques dizaines de mètres de l’armoire électrique. Peu de travaux de terrassement ont donc été nécessaires.

La mise en place totale, étude, fourniture et travaux compris, a coûté environ 45 000 € TTC.

C’est à la fois une somme importante mais qui reste faible au regard de travaux pérennes qui nécessitent des alimentations réseau, des équipements techniques et leur mise en œuvre.
Retours utilisateurs-rices

Des brumisateurs ludiques et accessibles sous forme de kiosques à Orly

Kiosque ilO'O à Orly © WaterConnect
Le kiosque ilO’O est un brumisateur conçu par l’entreprise Water Connect. Pensé comme un espace de convivialité, il est accessible aux enfants, adultes et personnes à mobilité réduite.

La Ville d’Orly a loué un premier dispositif en 2018, qu’elle a acheté l’année suivante. Il a été installé sur la place de la Mairie et déplacé ensuite dans un des quartiers prioritaires de la ville.

Un deuxième dispositif acheté et déployé dans le centre-ville en 2020 comporte également une ombrière, un système désinfectant et un système automatique pour gérer les horaires et la fréquence de brumisation à distance. Un troisième dispositif a été déployé l’été suivant.

Les retours sont plutôt concluants : la ville d'Orly a choisi d'assurer ces deux dispositifs (vol et dégradation), mais ne note pas ou peu de dégâts, très peu d’interventions et pas de coûts supplémentaires car l’entretien est géré directement par Water Connect.

L’entreprise met en place les dispositifs en début d’été et de façon temporaire. En période hivernale, elle se charge de leur démontage, entretien et stockage.


Les services techniques ont donné un avis favorable sur le dispositif, qui aurait permis de réduire le phénomène de street pooling (ouverture sauvage de bouches à incendie) : on passe de 10 bouches vandalisées en 2017 à 2 en 2020. À noter : en parallèle, la ville a sécurisé certaines bouches à incendie.

Coûts


Le coût de la structure est d'environ 18 000 € HT hors installationIl est également nécessaire de prendre en compte le stockage de la structure en fin de saison. Cela peut se faire dans des locaux appartenant à l’utilisateur, ou bien dans les locaux de Water Connect, qui propose un stockage dans ses entrepôts pour 99 € HT/mois.
 
Il est également possible de louer la structure pour un coût d'environ 8 000 € HT pour 2 mois, par exemple.

Le coût du nettoyage en fin de saison est inclus dans la location et dans le coût de stockage. Un contrôle lésionnel avant toute mise en route est obligatoire, également inclus dans les prestations.

Retrouvez plus d’informations sur l'entretien dans la rubrique Complexité et contexte de mise en œuvre.

Partenaires de la solution


Cluster Eau milieux sols ; Comité Richelieu ; Arc Innovation Grand Paris ; APFlab ; Matériaupôle ; Eau de Paris.

Co-bénéfices

Co-bénéfices environnementaux :

  • Faible consommation en eau

Co-bénéfices autres :

  • Accessibilité
  • Création de lieux de vie
Coûts

Coût d’achat et de location

Les coûts sont fortement dépendants de l’intégration du brumisateur sur le site et du besoin du client.

Par exemple, le coût d’un brumisateur seul est d’environ 1 200 € HT à l’unité pour les modèles simples, comme des arches ou des poteaux, tandis que les modèles plus élaborés peuvent coûter jusqu’à 10 000 € HT.

En parallèle, le coût du matériel nécessaire à l’installation et au fonctionnement du brumisateur —  armoire de pilotage, pompe, filtres, raccordements —  s’élève à 2 000 € HT et 3 500 € HT, en fonction du débit d’eau assuré, qui détermine le dimensionnement de la pompe, et de l’ajout d’outils optionnels comme un compresseur d’air.

Ainsi, le coût d’une installation de plusieurs brumisateurs fonctionnels s’élève à environ 10 000 € HT pour une location estivale, qui ne nécessite donc pas de maintenance et d'entretien, et 15 000 € HT pour un achat.

Aides financières

Avec le dispositif "Installation de fontaines dans l'espace public", la Région Île-de-France propose de prendre en charge au maximum 50% des dépenses éligibles​ avec un plafond de 8 000 € par borne-fontaine​. Cette aide inclut la fontaine à brumisation.

En savoir plus sur les aides financières

Complexité et contexte de mise en oeuvre

Travaux à prévoir

Pour une mise en œuvre facilitée, il est nécessaire d’avoir une source d’alimentation électrique permanente ainsi qu’une source d’eau potable. Dans l'idéal, il faudrait envisager le déploiement de ces solutions dès la conception ou la rénovation d’un jardin ou d'un parc.

Dans le cas contraire, des travaux de terrassement sont souvent nécessaires pour amener aussi bien une source d'énergie qu'une source d'eau potable vers l’armoire de commande de brumisation.


Entretien et réglementation

D'après le guide pratique du Ministère de la Santé (sante.gouv.fr), il est nécessaire de mettre en place des actions d’entretien afin d’éviter le développement de bactéries dans le système de brumisation.

Les principales obligations réglementaires sont :

  • Équiper le système d’un clapet anti-retour d’eau pour protéger le réseau ;
  • Ne pas recycler les gouttelettes d’eau produites non dispersées dans l’air pour réalimenter l'installation en eau ;
  • Équiper le système d’une vanne pour sa vidange ;
  • Alimenter le réservoir du système uniquement avec de l’eau du réseau de distribution d’eau potable ;
  • Réaliser des analyses bactériologiques en laboratoire au minimum une fois tous les deux ans ;
  • Réaliser un nettoyage, une désinfection et un rinçage du système au minimum une fois par an.
Il est aussi recommandé d’utiliser de l’eau froide issue du réseau de distribution d'eau potable, si possible sans recourir au réservoir de stockage du système, pour éviter une stagnation de l'eau.

Un hivernage est également à réaliser pour éviter les risques de gel.


Perception des usagers

Des enquêtes sociologiques et des observations menées à Lyon par le projet VISION ont permis de tirer plusieurs enseignements quant à l’acceptation de la brumisation par les usagers :

  • Bien que la brumisation soit la solution basée sur l’eau la moins consommatrice en eau, l'image qu'elle renvoie peut diviser, en raison de sa consommation d’eau qui est visible ;
  • Malgré cette perception, les brumisateurs trouvent facilement des usagers, a minima intrigués et curieux d’essayer ces mobiliers urbains pour une courte durée ;
  • Une majorité d’utilisateurs s’arrête sur le brumisateur s’il se situe sur leur chemin, ou dans une situation d’attente fortuite ;
  • Peu d’utilisateurs viennent intentionnellement en faisant un détour pour utiliser expressément le brumisateur ;
  • La pédagogie envers acteurs et usagers autour d’une utilisation raisonnée de la ressource en eau constitue un levier pour favoriser l’acceptation des nouvelles solutions de rafraichissement basées sur l’eau, comme la brumisation.
Ainsi un emplacement dans une zone vaste et aménagée pour s’y arrêter — comme un parc ou un espace d’attente en quartier de gare — ombragé et comprenant une signalétique dédiée peut fortement contribuer à augmenter la fréquentation du brumisateur.


Particularités pour les voiles d'ombrage

L’agrément de voiles d’ombrages nécessite un examen plus poussé en amont de l’installation.

Un ancrage au sol plus important peut être nécessaire selon la voile envisagée, et doit être décidé sur conseil d’un bureau d’études.

Une voile très opaque aura une grosse prise au vent et il sera nécessaire de fixer la structure au sol. À l’inverse, pour une voile plus transparente, les embases peuvent suffire.

L’étude doit aussi prendre en compte la contrainte liée au vent du lieu. L’installation de voiles d’ombrage est donc à réfléchir en fonction du contexte et des usages.

Pour en savoir plus sur les solutions d’ombrage, retrouvez la fiche AdaptaVille dédiée à ce sujet !

Prestataire(s)

  • Water Connect

    Lauréat de l'Appel à candidature AdaptaVille 2021

    WaterConnect est une entreprise spécialisée dans la réalisation de mobiliers urbains rafraîchissants, s’articulant autour de l’accessibilité universelle. Elle accompagne les collectivités dans leurs projets de rafraîchissement de la ville, et possède différents dispositifs, notamment le kiosque ilO’O. Déployable dans des parcs et jardins, ce brumisateur ludique et interactif est à destination de toutes les populations (enfants, adultes, personnes à mobilité réduite).

    Kiosque Ilo’o :


    • 230 L d’eau par jour en moyenne pour un dispositif déployé dans un quartier
    • Pilotage à distance des plages horaires de fonctionnement grâce à un smartphone.
    • Possibilité d’ajouter des ombrières en toile recyclée 
    • Sol de la structure drainant en matériaux recyclés avec bassin de stockage 
    • Fonctionne sur batterie, sans approvisionnement électrique (durée de vie des batteries : 5 ans)
    • Fabriqué en France 


  • Brumisol

    Lauréat de l'Appel à candidature AdaptaVille 2021

    Brumisol est une entreprise spécialisée dans la brumisation de l'espace public, basée à Lyon et intervenant sur l’ensemble du territoire. Elle conçoit des dispositifs pouvant être utilisés dans différents domaines, comme les espaces publics afin de créer des îlots de fraîcheur, et destinés à être loués ou achetés selon les besoins.

  • BRO Brumisation


    BRO est un fabricant de brumisateur qui possède une expertise variée, notamment dans les espaces publics comme les parcs et jardins. L’entreprise propose différents modèles, couplés ou non à un kit d’installation. Basée à Couzeix en Nouvelle-Aquitaine, elle intervient aussi en Île-de-France où elle a été partenaire du projet du square Alban-Satragne.


    Site internet

Site(s) pilote(s)


Contact(s)



Ressources complémentaires


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