AdaptaVille, un site conçu pour minimiser son impact environnemental

Aujourd’hui, Internet et le numérique sont à l’origine de 4 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. C’est plus que l’impact de l’aviation sur l’environnement et ce chiffre va probablement doubler d’ici 4 ans (ADEME). Pour limiter son impact environnemental, la plateforme AdaptaVille a été créée dans une démarche d’éco-conception. On vous explique !
Article publié le 18 mai 2021

L’éco-conception, quesako ?

Par définition, l’éco-conception consiste à intégrer le respect de l’environnement dès la conception et le développement d’un produit ou d’un service, et tout au long de son cycle de vie. Cette approche permet de limiter les pollutions, d’économiser de l’énergie et des matières premières, réduisant ainsi la pression sur les ressources, l’environnement et les émissions de gaz à effet de serre.

Côté numérique, la démarche d’éco-conception cherche à réduire les impacts environnementaux des différents services digitaux (sites web, logiciels, applications mobiles…) en améliorant leur conception et leur utilisation. Il s’agit d’allier performance et sobriété, pour se concentrer sur l’essentiel, c’est-à-dire sur le besoin fondamental de l’utilisateur·rice. Ainsi, on utilise le moins de ressources possible, et on sollicite le moins possible le réseau et le serveur.

En plus de favoriser le respect de l’environnement, cette démarche est avantageuse pour toutes les parties prenantes :
  • Les utilisateur·rices, car l’information va être délivrée rapidement. Cela permet à l’internaute de limiter son temps sur le site.
  • Les webmestres, car la modification des pages et la gestion du contenu est simplifiée, ce qui représente un gain de temps au quotidien. Par ailleurs, l’éco-conception permet de maintenir le site sur le long terme car les fonctionnalités étant restreintes à l’indispensable, le site ne présentera pas d’obsolescence dans le temps.


« La perfection est atteinte, non pas lorsqu'il n'y a plus rien à ajouter, mais lorsqu'il n'y a plus rien à retirer » - Antoine de Saint-Exupéry

Focus sur AdaptaVille

Une réflexion menée en amont


Plus de la moitié des fonctionnalités demandées par les utilisateur·rices ne sont jamais, ou très rarement, utilisées. Il a fallu, dès les prémisses du projet, cerner et définir clairement le besoin auquel le site allait répondre. Des études ont été réalisées auprès des futurs utilisateur·rices de l’outil, pour comprendre leurs usages et les besoins qu’ils présentaient. Ainsi, AdaptaVille est une plateforme qui a été créée sur mesure pour répondre au besoin fondamental de ses utilisateurs·rices : répertorier des solutions d’adaptation aux conséquences du changement climatique qui ont fait leurs preuves sur le terrain, et donner des informations concrètes pour favoriser leur réplicabilité. Limiter le gras numérique permet aussi d’économiser financièrement sur la création et la maintenance des fonctionnalités optionnelles.

Ce besoin initial s’est inscrit dans un enjeu majeur qui touche chacun·e d’entre nous : lutter contre le changement climatique. De ce fait, il était indispensable pour l’Agence Parisienne du Climat d’aller au plus proche de ses convictions, et d’intégrer le respect de l’environnement dans la conception de ce nouvel outil.

Pour l’accompagner dans cette ambition, l’Agence a sollicité Translucide, un collectif de professionnel·les du numérique, spécialisé dans la conception de sites web plus respectueux de la planète. Ces expert·es du numérique ont été présent·es dès le début du projet, pour anticiper les demandes et canaliser les besoins. De plus, et afin de limiter son impact environnemental à tous les niveaux, AdaptaVille a fait appel à un hébergement dit « vert », qui s’engage à minimiser son impact environnemental. Cela passe notamment par l’utilisation d’électricité certifiée et renouvelable ou encore la compensation de la totalité de ses émissions de CO2.

Le choix des fonctionnalités


D’un point de vue technique, le site a été développé de façon à créer des pages légères, qui ne contiennent pas beaucoup de blocs, d’images ou autres éléments pouvant l’alourdir.
Mais pourquoi chercher à alléger les pages ? Cela permet à la fois de réduire leur impact écologique et de charger plus rapidement les contenus ce qui, par conséquent, permet de rendre le service demandé le plus rapidement possible.
Pour l’aspect technique, il existe des outils tels que EcoIndex, qui permettent de mesurer les performances environnementales des pages d’un site. L’objectif est d’avoir des pages en A, voire B pour les plus complexes, pour un impact minimal et contenir le niveau d’écoconception du site. Ces notes ne représentent pas une mesure exacte mais plutôt une aide technique. Le meilleur moyen de constater l’impact du site est de se fier à la vitesse de chargement des pages, à leur poids léger.

Dans cette volonté de ne pas alourdir les pages, des choix ont été pris pour déterminer quelles étaient les fonctionnalités indispensables. C’est par exemple pour cette raison que le site n’offre pas la possibilité d’utiliser un moteur de recherche. Cette fonctionnalité de recherche concentre en pratique peu d’utilisation en comparaison à la complexité technique de sa mise en place. Cela n’empêche pas de se repérer sur la plateforme car un système de filtres a été mis en place. De plus, un accès à la liste complète des solutions est donné. De cette façon, on se concentre sur une certaine sobriété fonctionnelle, qu’il sera éventuellement possible d’adapter à l’avenir si des besoins réels se déclarent à la suite de l’utilisation de la plateforme.
C’est cette même réflexion de sobriété qui a mené à ne pas intégrer de carte au niveau de chaque fiche, mais plutôt de créer une page dédiée. Cela évite de faire grossir le poids fonctionnel de la page des solutions et diminue la dette technique. C’est aussi un avantage en matière d’interface, car il est plus aisé de naviguer dans une carte sur la totalité de la page que dans un petit encart dans les fiches. De plus, ce système est un système dit « Open Source », qui permet d’éviter de faire appel à un outil de propriétaire privé.

Un impact visuel maximal pour un impact environnemental minimal


AdaptaVille a été pensé dans une démarche de sobriété graphique. Du point de vue visuel, il s’agit d’utiliser des images qui font passer un message pertinent, et non uniquement pour illustrer ou animer la page sans besoin essentiel. Cela résulte en une plateforme au design épuré, sobre et impactant. Une attention particulière est portée sur la taille et le poids des photos, qui sont optimisés le plus possible, pour ne pas alourdir la page et retarder son chargement. On vise un poids maximum de 800 ko par page (soit 200 à 300 ko maximum par image), et moins si possible, pour être largement sous le poids médian des pages sur Internet. Le choix va d’ailleurs souvent se porter sur l’illustration, plus légère que la photographie
En ce qui concerne les vidéos sur le site, elles ne sont pas intégrées directement mais simplement illustrées avec une image. Ce n’est qu’au clic pour lancer le visionnage que sont insérés le lecteur vidéo et la vidéo. Cela permet de ne pas charger inutilement la page, alors que la vidéo ne sera peut-être pas regardée par l’internaute.

Une éco-conception durable pendant tout le cycle de vie du site


La plateforme a été créée de façon à être durable sur le long terme. Par exemple, la charte graphique ne peut pas être modifiée par les administrateur·rices du site. En ne permettant que la modification ou l’ajout de contenus rédactionnels, les éléments pensés initialement pour l’éco-conception ne pourront pas être altérés. Cela permet aussi d’assurer la maintenance du site, même en cas de changement dans l’équipe.
De plus, il existe à titre d’exemple un outil dans le système de gestion de contenu Translucide, qui permet d’être alerté sur le poids des médias ajoutés dans la page. Des suggestions d’optimisation sont ainsi mises à disposition du webmestre et tout cela permet de conserver un bon niveau d’écoconception dans le temps.



Module alertant sur le poids des images à optimiser lors de l'enregistrement



Un moyen de sensibiliser

Plus globalement, c’est un moyen de sensibiliser chacun·e à la pollution numérique pour viser à modifier les usages et les comportements. Internet représente 20 à 25 % de l’impact du numérique sur l’environnement. La plus grosse part de cet impact concerne néanmoins le matériel électronique et sa fabrication, à hauteur de 50 %. L’extraction des matières rares utilisées pour fabriquer nos téléphones, ordinateurs portables ou autres objets connectés pollue et participe à la destruction de la biodiversité. Au-delà de la fabrication, le fait que les appareils soient allumés et consomment de l’énergie participe également à cet impact écologique. Chacun·e, à son échelle, peut faire attention à sa consommation et allonger la durée de vie de ses appareils.




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